Otto
Anderegg
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Indonésie

Nous nous souvenons de Otto Anderegg

Konrad Otto Anderegg voit le jour le 31 mai 1898 dans le village de Nesslau, dans le nord-est de la Suisse. Peu après la fin de ses études de commerce, il part à l’étranger et s’établit à Sumatra, dans les Indes orientales néerlandaises. Il y travaille dans des plantations de caoutchouc et de thé, d’abord comme assistant, puis en qualité de directeur. Il saisit cette occasion pour s’adonner à l’étude de l’ethnographie et de l’histoire des civilisations. Il passe ainsi près de deux ans à Bali pour y étudier la civilisation et les mœurs de la population locale. Peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, il s’installe sur l’île de Java, où il a été engagé comme directeur de plantations d’une compagnie anglaise.

 

En janvier 1946, le délégué du CICR dans les Indes orientales propose à Konrad un poste de secrétaire au sein de la délégation de Batavia (aujourd’hui Jakarta). L’expérience de Konrad, sa connaissance de la population indonésienne et de ses mœurs, de la région et la langue locale, sont des atouts précieux. Konrad accepte et s’acquitte si bien de sa tâche que le CICR envisage de lui proposer le poste de délégué adjoint.

 

En avril 1946, il accepte de se rendre à Bali pour le compte de la South East Asia Command Red Cross, un comité de liaison chargé de coordonner les activités de diverses Sociétés nationales de la Croix-Rouge actives dans les Indes orientales néerlandaises. La mission a pour objectif de localiser un colonel anglais porté disparu à Bali. D’aucuns le présument mort, mais Konrad pense qu’il pourrait avoir été fait prisonnier et se trouver détenu dans les montagnes. Konrad entretient des relations cordiales avec la population et, malgré les avertissements des autorités locales, il n’est pas inquiet pour sa sécurité personnelle. Pour parer à toute éventualité, il est cependant porteur d’une lettre du délégué du CICR à Batavia confirmant ses fonctions de secrétaire de la délégation. Il quitte la ville balinaise de Denpasar au mois d’avril, accompagné d’un guide de la région. Le 2 mai, les deux hommes sont brutalement attaqués par une tribu locale. Le guide parvient à s’échapper et alerte rapidement le poste le plus proche des autorités néerlandaises. Une patrouille est envoyée et retrouve la dépouille de Konrad. Il était âgé de 47 ans.

 

Lorsque le CICR fit appel à lui, Konrad mit à profit sans compter les compétences et l’expérience acquises au fil des ans dans son pays d’adoption. Et lorsqu’on le sollicita pour apporter son aide à une personne — qu’il pensait pouvoir peut-être sauver —, il n’hésita pas un instant.

Le CICR en
Indonésie, 1946

La capacité d’action du CICR en Asie du Sud-Est durant la Seconde Guerre mondiale est entravée par les difficultés matérielles que représente la création, en un bref laps de temps, d’un réseau de délégations éloignées, en particulier dans un contexte d’hostilités généralisées. La tâche est d’autant plus ardue que le Japon — qui n’a pas ratifié la Convention de Genève de 1929 sur les prisonniers de guerre — n’autorise pas les activités du CICR. De ce fait, un grand nombre de délégués dans la région en sont réduits à travailler officieusement, c’est-à-dire à titre personnel. La fin de la guerre ne simplifie pas immédiatement les choses pour le CICR. Après la reddition du Japon, les activités et les effectifs des délégations doivent être renforcés dans certaines parties de l’Asie du Sud-Est. Il s’agit d’apporter l’assistance requise aux nombreux prisonniers de guerre et internés civils qui viennent de recouvrer leur liberté. En Indonésie, la situation dans l’immédiat après-guerre est encore compliquée par la proclamation, en automne 1945, de la République indonésienne, qui donne lieu à des hostilités avec les Pays-Bas, l’ancienne puissance coloniale. Cette situation fragile conduit le CICR à ouvrir une délégation à Batavia à la fin de l’année 1945. Pour la pourvoir rapidement en personnel, l’organisation cherche des ressortissants suisses établis dans la région, comme Konrad. Les délégués du CICR obtiennent rapidement le feu vert des autorités indonésiennes locales pour répondre aux besoins des prisonniers de guerre et des internés civils qui affluent. La délégation de Batavia coopère avec la Croix-Rouge néerlandaise et la Croix-Rouge indonésienne en 1946 pour fournir des colis de vivres et des produits médicaux aux détenus. Elle facilite aussi le retour des ressortissants indonésiens engagés durant la guerre pour travailler à l’étranger au service des autorités japonaises. Enfin, elle s’occupe aussi des soldats japonais et allemands séjournant dans des camps d’internement des Alliés, qui, à l’instar des civils allemands, attendent toujours leur rapatriement.

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