Lorena
Enebral-Perez
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Afghanistan

Nous nous souvenons de Lorena Enebral-Perez

Lorena Enebral Perez voit le jour à Ségovie, en Espagne, le 12 janvier 1979. Sa scolarité terminée, elle entame des études de physiothérapie à l’Université Alfonso X El Sabio de Villanueva de la Cañada, près de Madrid. Dès 2011, son diplôme de bachelor en poche, elle travaille quelques années comme physiothérapeute dans plusieurs centres de soins de la capitale espagnole et de ses environs, se concentrant en particulier sur le traitement précoce d’enfants qui présentent des handicaps physiques ou des troubles de l’apprentissage.

 

Entre 2005 et 2006, Lorena étudie à l’Institut national de réadaptation Pedro Aguirre Cerda de Santiago du Chili. Elle s’y forme à l’approche Bobath, un concept thérapeutique mis au point pour améliorer la mobilité chez les enfants infirmes moteurs cérébraux. De retour à Madrid, elle rejoint l’équipe du centre de soins précoces Conmigo, où elle continuera à travailler avec des enfants en situation de handicap. Lorena vouait une affection inconditionnelle aux enfants dont elle s’occupait, qui d’ailleurs le lui rendaient bien. Ses collègues s’émerveillaient de la manière qu’elle avait d’échanger et de communiquer avec eux, y compris ceux qui souffraient de handicaps physiques et cognitifs profonds, reconnaissant qu’elle avait un véritable don.

 

En 2010, elle suit une nouvelle formation avancée à l’Université Rey Juan Carlos de Madrid, où elle se spécialise dans la méthode Vojta, conçue pour stimuler le mouvement chez les patients atteints de troubles moteurs. La même année, elle part comme volontaire pour une première mission sur le terrain avec l’organisation humanitaire África Directo, et travaille une année durant au département de physiothérapie de l’Alinafe Community Hospital de Nkhotakota, au Malawi. Outre la prise en charge proprement dite des patients, elle se consacre à développer le service de réadaptation et à former du personnel. En 2012, elle passe deux mois en Mauritanie, pour le compte d’une autre organisation, dans un centre de réadaptation physique pour enfants handicapés. En 2013, elle réintègre les rangs d’África Directo pour une mission de deux ans dans le nord de la Tanzanie, au centre Mama Kevina Hope de la ville de Same, spécialisé dans la prise en charge d’enfants porteurs de handicaps. En tant que physiothérapeute chevronnée, Lorena y a la charge d’améliorer l’accessibilité des services de réadaptation et d’en améliorer la qualité.

 

À ce stade de sa vie, Lorena en est persuadée, son avenir se trouve sur le terrain, si possible dans des situations de crise, là où on aura le plus besoin de ses compétences. Elle se tourne alors vers le CICR, qu’elle rejoint en février 2015. Sa première mission la conduit en Éthiopie, dans la région de l’Amhara, où elle vient renforcer les équipes de trois centres de réadaptation physique pour adultes et enfants. L’engagement, le professionnalisme et l’enthousiasme sans borne dont elle fait preuve dès le début déteignent sur les personnes qui l’entourent – collègues, patients ou encore partenaires extérieurs. La jeune femme qu’elle est s’adapte rapidement à son nouvel environnement. Elle épate tout le monde par son esprit positif et sa capacité à faire face à toutes les situations, sans jamais reculer devant les difficultés, un large sourire accroché aux lèvres quelles que soient les circonstances.

 

Pour son affectation suivante, Lorena demande à être envoyée en Afghanistan, où elle souhaite une nouvelle fois s’occuper d’enfants handicapés. Elle sait en effet que la plupart des personnes prises en charge dans les centres de réadaptation physique du CICR du pays sont des enfants souffrant de troubles moteurs cérébraux, et c’est à leurs côtés qu’elle veut être. Dès mai 2016, elle est chargée de superviser les activités des centres de Mazar-i-Sharif, Herat et Jalalabad. Comme à son habitude, elle s’investit corps et âme dans ses nouvelles fonctions, mettant tout en œuvre pour offrir le meilleur d’elle-même à « ses » enfants et à leurs familles.

 

Lorena déborde de dynamisme et d’énergie. Quand elle ne travaille pas, elle fait du sport : tous les matins, elle se rend au gymnase et, pendant ses pauses, elle s’adonne à la course à pied. Sans pour autant négliger ses collègues et ses amis, avec qui elle partage régulièrement des moments de convivialité. Elle trouve même encore du temps pour essayer de convaincre ses proches et ses connaissances de lever des fonds afin de financer qui une école, qui une clinique. Toutes celles et ceux qui croiseront son chemin tomberont sous le charme de cet être exceptionnel respirant la bonté, l’enthousiasme et la joie de vivre. Quant à son rire contagieux, impossible à quiconque d’y résister.

 

Lorena a tant à cœur ce qu’elle fait en Afghanistan que c’est sans hésiter qu’elle accepte de prolonger la mission d’une année pour laquelle elle s’était initialement engagée. Mais, le 11 septembre 2017, tandis qu’elle vaque à ses occupations au centre de réadaptation physique de Mazar-i-Sharif, un patient en fauteuil roulant s’approche d’elle et lui tire une balle à bout portant. Elle succombe à ses blessures peu de temps après. Elle avait 38 ans.

 

En reconnaissance de l’engagement humanitaire de Lorena, le gouvernement espagnol lui décernera à titre posthume la Grande Croix de l'ordre du mérite civil. Et en septembre 2018, la ville de Pozuelo où elle avait grandi commémorera le premier anniversaire de sa mort en dévoilant une plaque à sa mémoire dans une aire de jeux pour enfants qui porte désormais son nom.

Le CICR en
Afghanistan, 2017

L’année 2017 sera l’une des plus sombres pour les opérations du CICR en Afghanistan. En février, avant la mort de Lorena, six autres employés de l’institution avaient déjà été tués et deux autres enlevés – avant d’être finalement libérés – lors d’une attaque contre un convoi transportant des secours dans le nord du pays. Ces incidents conduisent le CICR à suspendre momentanément une partie de ses activités en Afghanistan. Les bureaux de Kunduz et de Maymana, dans le nord du pays, sont fermés et les opérations à Mazar-i-Sharif revues à la baisse. Et même si l’institution parvient à maintenir la plupart de ses activités de soins de santé et de réadaptation physique, les ajustements opérationnels auxquels elle doit consentir ont des répercussions sur la mise en œuvre de bon nombre de projets, notamment dans les domaines du soutien économique et de l’approvisionnement en eau. Ce qui aura pour conséquence que, cette année-là, le CICR ne pourra pas venir en aide à autant de personnes qu’il aurait voulu. La mort de Lorena et de ses collègues intervient alors que les conditions de sécurité ne cessent de se détériorer dans le pays, en raison notamment de l’intensification des combats entre les forces régulières afghanes – soutenues par l’OTAN et les États-Unis – et les différents groupes armés à l’œuvre sur place. La fragmentation de ces derniers et la présence du groupe État islamique contribuent à leur tour à la dégradation de la situation, les attaques régulières contre les travailleurs humanitaires et les personnels de santé ayant pour effet de restreindre considérablement l’accès humanitaire.

Souvenirs

Our glorious days in Mazar-i-Shariff, Afghanistan was immensely beautiful having around the quirky, fun-loving, easy going Lorena. Given the restricted movement around Mazar, we remain unfazed as we made so much fun with each others presence - just like how these photos depicted happiness.
22 mars 2022
Janeth Idolog

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