En février 2020, le gouvernement du Soudan du Sud et l’opposition mettent en place un gouvernement d’union nationale de transition, conformément à l’accord de paix conclu en 2018. La formation d’une armée nationale unifiée, qui implique d’enrôler des combattants et de les former dans des cantonnements créés par le gouvernement, se poursuit, mais à un rythme très lent. Ces forces combinées mènent des combats sporadiques dans la région d’Équatoria contre un groupe armé qui n’a pas signé l’accord de paix.
Les violences intercommunautaires – causées par les tensions ethniques et les rivalités pour accéder à des ressources limitées – éclatent alors dans de nombreuses régions du pays, en particulier dans les États de Jonglei, des Lacs, d’Unité et de Warab, ainsi que dans la zone administrative de Pibor. Elles font de nombreux morts, blessés et déplacés et provoquent des destructions massives. Les processus de désarmement lancés par le gouvernement dans certains États afin de recueillir les armes détenues par des mineurs font aussi des blessés et des morts. Des millions de personnes restent déplacées en raison de la persistance du conflit armé et d’autres situations de violence. L’ONU estime alors à 2,2 millions le nombre de réfugiés sud-soudanais dans les pays voisins et à 1,6 million le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays. La Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) entame le processus de transfert aux autorités et aux forces de sécurité sud-soudanaises de la responsabilité des sites de « protection des civils » accueillant des personnes déplacées.
À partir du mois de juillet, des pluies torrentielles entraînent la crue du Nil Blanc et d’autres cours d’eau : la moitié du pays est inondée et de nombreuses communautés sont déplacées. La plupart des routes deviennent impraticables, les cultures sont endommagées et les sources d’eau contaminées. Selon l’ONU, près d’un million de personnes sont touchées. La pandémie de Covid-19 exacerbe les difficultés de communautés déjà aux prises avec les effets de la violence chronique et des chocs climatiques ; un grand nombre d’entre elles demeurent victimes de l’insécurité alimentaire et privées d’accès aux services de base. Les attaques sans discrimination, la destruction des établissements de santé, le recrutement d’enfants, l’occupation des écoles, la violence sexuelle et les autres actes illicites des porteurs d’armes se poursuivent.
Malgré les conditions de sécurité instables et les contraintes logistiques dues à la pandémie et aux inondations massives, le CICR maintient son accès aux zones touchées par la violence. Les autorités et les porteurs d’armes de tous les camps sont exhortés, dans le cadre d’un dialogue confidentiel, à respecter leurs obligations découlant du DIH et des autres normes applicables. Ce dialogue, ainsi que l’interaction du CICR avec les communautés, contribuent à renforcer l’acceptation et le soutien à l’égard du CICR, lui permettant de venir en aide aux personnes dans les zones frappées par la violence ainsi que dans les régions isolées.
Avec la Croix-Rouge du Soudan du Sud, le CICR fournit une assistance d’urgence aux communautés victimes de la violence et des inondations, en particulier dans les régions qui ne sont pas couvertes par d’autres organisations. Au total, plus de 360 000 personnes bénéficient de distributions de nourriture, tandis que plus de 272 000 personnes reçoivent des trousses d’hygiène, des jerrycans, des moustiquaires, des nattes et d’autres articles essentiels.
Le CICR fournit aussi aux communautés résidentes – en particulier les ménages d’agriculteurs, de pêcheurs et de bergers – une aide matérielle, technique et autre pour renforcer leur production alimentaire et préserver leurs moyens de subsistance. Près de 750 000 personnes bénéficient d’une assistance de ce type. En coopération avec les autorités locales et la Croix-Rouge du Soudan du Sud, le CICR répare ou construit des latrines et des systèmes d’approvisionnement en eau afin que davantage de personnes disposent d’eau salubre et d’une meilleure protection contre les maladies, y compris le Covid-19. L’organisation soutient la riposte des autorités au Covid-19 en installant des stations de lavage des mains dans les établissements de santé et les lieux de détention et en faisant don de savon, de masques et d’autres fournitures. Avec l’appui du CICR, la Société nationale mène une campagne d’information dans tout le pays sur les bonnes pratiques d’hygiène et sur les mesures de lutte contre le Covid-19.