Véronique
Saro
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République démocratique du Congo

Nous nous souvenons de Véronique Saro

Véronique Saro naît le 21 juin 1968 à Aru, ville de ce qui est depuis 2015 la province de l’Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Elle fait sa scolarité primaire à Yekia de 1974 à 1981, puis sa scolarité secondaire à Aungba de 1981 à 1986. L’année suivante, elle s’installe dans la ville de Bukavu, où elle étudie à l’Institut supérieur des techniques médicales, dont elle sort diplômée en 1991.

 

En 1992, Véronique commence à travailler à l’Hôpital général de référence de Mongbwalu, au nord de la ville de Bunia, où elle est nommée directrice des soins infirmiers. En mai 1995, elle s’installe dans la capitale, Kinshasa, où elle exerce la profession d’infirmière à la polyclinique Ngbakama. Au début de l’année 1997, suite à l’éclatement de la guerre dans l’est du pays, elle finit cependant par fuir Kinshasa avec ses deux fillettes pour se réfugier d’abord au Cameroun, puis au Kenya et enfin en Ouganda, tout cela en l’espace de quelques mois.

 

Elle retourne en RDC en août 1997 et assume la responsabilité des soins de santé primaires au sein de l’organisation non gouvernementale SEIPI (Santé et éducation pour l’intégration des populations inaccessibles) à Bunia. En même temps, elle dirige l’équipe de surveillance épidémiologique de la province de l’Ituri.

Deux ans et demi plus tard – en février 2000 –, Véronique rejoint les rangs de la sous-délégation du CICR à Bunia en tant qu’agente de terrain pour le département médical. Le calme personnifié, elle est chargée de suivre et de superviser les activités des structures de santé soutenues par le CICR dans la province de l’Ituri, dans des lieux tels que Bunia, Drodro, Fataki, Tchomia, Nyakunde et Rethy. Elle gère aussi les entrées et sorties de médicaments et de matériel médical à la sous-délégation.

 

Pendant un certain temps, l’instabilité des conditions de sécurité empêche le programme médical de la sous-délégation de fonctionner à pleine capacité, l’accès aux structures de santé soutenues par le CICR étant limité. Toutefois, Véronique n’est pas femme à se laisser décourager, et elle réussit à faire en sorte que les éléments du programme qui ne sont pas touchés par ces contraintes continuent d’aller de l’avant. Une fois que les activités de terrain peuvent reprendre, elle relance le programme dans sa totalité, tel qu’il avait été planifié.

 

Le matin du 26 avril 2001, Véronique et cinq collègues du CICR quittent la sous-délégation de Bunia à bord de deux véhicules clairement marqués de l’emblème de la croix rouge pour se rendre à Fataki. Ils veulent évaluer les besoins des postes de santé de la région et des personnes déplacées qui y ont trouvé refuge. Ils ont aussi l’intention de distribuer des messages Croix-Rouge. Une mission qu’ils n’auront malheureusement jamais la chance d’accomplir : dans l’après-midi, tous les six sont trouvés assassinés aux environs de la ville de Djugu. Véronique avait 32 ans. Parmi ses compagnons d’infortune se trouvaient trois autres collègues de nationalité congolaise – Aduwe Boboli et Jean Molokabonge, tous deux chauffeurs, âgés respectivement de 39 et 56 ans, et Unen Ufoy-Rwoth, 28 ans, agent de terrain pour le département des secours – ainsi que Rita Fox-Stucki, 36 ans, déléguée santé de nationalité suisse, et Julio Delgado, 54 ans, délégué secours de nationalité colombienne.

 

Dans son allocution prononcée lors de la cérémonie organisée en leur mémoire, le président du CICR, Jakob Kellenberger, déclare : « La mort de nos six collègues est un immense “coup dur” pour l’institution. Ils incarnaient l’image de ce CICR réputé comme étant le lieu où des individus de nationalités, de cultures et d’horizons différents unissent leurs forces dans la poursuite d’un même idéal, celui de venir en aide à leurs semblables. Un peu partout dans le monde, vous trouverez des personnes vouant une profonde reconnaissance à ces femmes et ces hommes “venus de loin” pour apporter assistance et protection à ceux qui en ont besoin. Si certains viennent effectivement de loin, beaucoup d’autres sont issus des régions ou des pays mêmes où ils œuvrent au service de leur communauté. Et c’est de la fusion de leurs énergies et de la confiance qu’ils nourrissent les uns pour les autres que nous tirons notre force. Aujourd’hui, nous rendons hommage à quatre ressortissants congolais, à une Suissesse et à un Colombien qui portaient haut ces valeurs communes. »

 

Après avoir fui le conflit qui faisait rage dans son pays, Véronique avait courageusement décidé d’y retourner pour apporter de l’aide dans la région qu’elle connaissait le mieux : la province de l’Ituri. C’est là qu’elle avait grandi et fondé un foyer. Son expérience et sa connaissance des besoins de cette région en matière de santé s’avéraient souvent déterminantes pour permettre au CICR de faire les bons choix dans un environnement difficile.

Le CICR en
République démocratique du Congo, 2001

L’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila en janvier 2001, et la nomination de son fils Joseph Kabila pour lui succéder à la tête de l’État, entraînent d’importants changements dans le paysage politique de la République démocratique du Congo (RDC) cette année-là. Dès son investiture, Joseph Kabila se montre très empressé de mettre un terme à l’isolement politique dans lequel se trouve le pays, et d’amorcer un dialogue avec les acteurs africains et internationaux. C’est ainsi, par exemple, qu’en février de la même année, les pourparlers de paix visant à mettre fin au

conflit international dans lequel est empêtré le pays reprennent à Lusaka, en Zambie. Ce qui n’empêchera toutefois pas la poursuite des conflits internes qui déchirent l’est de la RDC. Suite à la mort de Véronique et de ses cinq collègues, le 26 avril, le CICR ferme sa sous-délégation de Bunia, et suspend toutes ses opérations dans le territoire contrôlé par le Front de libération du Congo et les Forces de défense du peuple ougandais.

 

En 2001, les activités de recherche de personnes en RDC constituent toujours la plus vaste opération du genre menée par le CICR dans le monde. Il n’existe alors pas moins de 183 antennes de recherche occupées à essayer de faire la lumière sur le sort des personnes portées disparues. Durant l’année, plus de 140 000 messages Croix-Rouge sont ainsi collectés et plus de 125 000 distribués dans tout le pays, tandis que 1 045 mineurs non accompagnés sont enregistrés, dont 373 pourront ensuite retrouver leur famille. Pour soutenir la population civile qui continue de subir les conséquences économiques de la guerre, le CICR distribue des semences, des outils agricoles, des rations alimentaires et d’autres secours à plus de 275 000 personnes – déplacés et résidents locaux confondus. Ses équipes apportent en outre leur aide au service national des eaux, auquel elles fournissent des produits chimiques et des pièces de rechange pour ses installations, permettant ainsi aux habitants de Goma, Kisangani, Bunia, Bukavu et Gbadolite de s’approvisionner en eau potable. Par ailleurs, l’institution offre son soutien à 22 centres de soins en leur fournissant des médicaments et du matériel médical, en formant des employés et en leur faisant profiter de son expertise dans le domaine de la santé.

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