Khalil
Dale
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Pakistan

« Sa vie a servi la conviction que l’amour doit triompher de la haine et que la bonté est plus forte que la cruauté. Elle a été empreinte de beauté et de joie. » - La famille de Khalil

Nous nous souvenons de Khalil Dale

Khalil Dale voit le jour le 29 août 1951 à York, dans le nord-est de l’Angleterre. Il grandit à Manchester et obtient son diplôme d’infirmier généraliste en 1974, au terme d’une formation à l’école de soins infirmiers de Stockport. Durant les quatre décennies qui suivront, il ne cessera d’œuvrer au service de son prochain.

 

En 1981, Khalil entreprend la première d’une longue série de missions médicales au sein de la grande famille de la Croix-Rouge. Il est détaché par la Croix-Rouge britannique auprès de la délégation de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Turkana, au Kenya. Responsable d’un programme alimentaire, il excelle dans son travail, au point que la Croix-Rouge du Kenya le nomme membre honoraire à vie. Et lui qui était l’humilité incarnée, ne cessera, sa vie durant, de se voir témoigner de la reconnaissance et de la gratitude partout où ses pas le mèneront. Khalil, dont le nom de naissance était Kenneth et que ses proches et ses amis surnommaient Ken, se convertit à l’islam la même année.

 

Il enchaîne ensuite une série de missions médicales pour la Croix-Rouge et d’autres organisations en Arabie saoudite, au Soudan et en Afghanistan. De 1982 à 1984, durant son séjour en Arabie saoudite où il travaille comme directeur adjoint des soins infirmiers dans deux hôpitaux, Khalil apprend l’arabe classique et suit un cursus d’études islamiques à l’Université islamique de Médine. Il passe ensuite trois ans à Londres, qu’il consacre à des études de géographie et d’anthropologie à l’École des études orientales et africaines de l'Université de Londres.

 

En 1992, jeune diplômé, il entame sa première mission pour le CICR en qualité d’infirmier de terrain en Somalie, un pays alors en proie à une crise humanitaire de grande ampleur. Comme ce sera le cas tout au long de sa vie, Khalil laissera une impression positive à toutes les personnes qui croiseront son chemin. Travailleur, courageux, compatissant, entièrement dévoué à ses collègues et doté d’un optimisme sans faille, il forcera le respect de tous durant cette mission exigeante à Mogadiscio.

 

Après la Somalie, il passe une année à Londres à former des infirmiers et infirmières à l’Hôpital des maladies tropicales et à l’École d'hygiène et des maladies tropicales de Londres. Enseigner, transmettre ses connaissances et partager son expérience sera pour lui une passion qui l’habitera tout au long de sa carrière. En 1994, la reine Elisabeth II lui décernera d’ailleurs la médaille de l’Ordre de l’Empire britannique en reconnaissance de son engagement humanitaire partout dans le monde.

 

En 1995, Khalil est de retour au CICR, qui l’envoie comme infirmier à Mazar-i-Sharif, en Afghanistan. Sur place, il visite des centres de détention, participe à la prise en charge des blessés et apporte son savoir-faire à des hôpitaux locaux. Les collègues qui travailleront à ses côtés garderont de lui le souvenir d’un être bienveillant, drôle, généreux, aimable et enthousiaste. Suivent une mission en Irak pour la Fédération internationale et un court passage par la Croix-Rouge britannique, à Londres, en qualité de coordinateur santé. En 1997, Khalil est engagé comme infirmier spécialisé par l’Hôpital des maladies tropicales, où il restera trois ans. À côté de ses obligations professionnelles, il intervient comme maître de conférences à l’École des études orientales et africaines, au sein de laquelle il coordonne et dispense, conjointement avec d’autres enseignants, un cours sur la question de l’aide internationale aux réfugiés et aux personnes déplacées de retour chez elles. Il enseigne aussi ponctuellement à l’Université d’Oxford, où il donne des conférences sur des thèmes tels que les facteurs de famine ou les environnements tropicaux et l’écologie des maladies.

 

Khalil s’installe ensuite à Dumfries, en Écosse, pour s’occuper de sa mère malade en fin de vie. En même temps, il travaille à temps partiel comme infirmier spécialisé à l’Infirmerie royale de Dumfries et Galloway, accompagnant notamment des personnes atteintes dans leur santé mentale. En parallèle, il continue de se consacrer à sa passion pour la photographie et obtient un certificat national supérieur en photographie. Par la suite, il suivra des modules dispensés par le Centre australien de la photographie de Sydney et exposera son travail dans plusieurs galeries écossaises.

 

En 2008, après la mort de sa mère, Khalil est de retour sur le terrain, à Mogadiscio, chargé d’un programme d’appui à la sécurité alimentaire par le Conseil danois pour les réfugiés. Puis, en février 2011, il rejoint le CICR en qualité de délégué santé à Quetta, dans le sud-ouest du Pakistan, où il sera rapidement nommé responsable du programme de santé de l’institution. Un an plus tard, le 5 janvier 2012, alors qu’il rentre chez lui à bord d’un véhicule du CICR, Khalil est kidnappé par des hommes armés non identifiés. Les efforts inlassables déployés pour obtenir sa libération inconditionnelle n’y peuvent rien : le 29 avril, quatre mois après son enlèvement, son corps sans vie est retrouvé dans un verger de Quetta. Khalil avait 60 ans et il était sur le point de se marier.

 

Sa famille écrira après sa mort : « Sans aucun doute, Khalil était parmi les personnes les plus aimables, les plus prévenantes et les plus chaleureuses que nous n’ayons jamais connues. Tous ceux qui l’ont côtoyé retiendront de lui sa nature profondément attentionnée et bienveillante. Son engagement indéfectible auprès des plus démunis et des plus vulnérables aux quatre coins du monde était le reflet de la confiance qu’il avait dans les pouvoirs de l’amour, de la solidarité et de la compassion. C’était un humanitaire dans l’âme. » En 2013, le prix humanitaire Robert Burns lui est décerné à titre posthume.

Le CICR en
Pakistan, 2012

Début 2012, les réserves émises par le gouvernement à l’égard de l’action menée par le CICR au Pakistan et les restrictions d’accès qu’il se voit imposer obligent celui-ci à réduire ses opérations, le contraignant notamment à interrompre la plupart des activités qu’il avait planifiées dans les domaines de la sécurité économique ainsi que de l’eau et de l’assainissement. En mai, le climat d’insécurité que suscitent l’enlèvement puis l’assassinat de Khalil conduit le CICR à suspendre l’ensemble de ses activités – à l’exception de son programme de réadaptation physique, de ses services de rétablissement des liens familiaux et de sa coopération avec le Croissant-Rouge du Pakistan –, puis à entamer une réflexion en profondeur sur son action dans le pays. En août, l’institution soumet au gouvernement pakistanais un document de réflexion proposant un modèle opérationnel révisé avec des activités revues à la baisse, dans le but d’obtenir des garanties explicites avant de reprendre ses opérations. Pendant ce temps, compte tenu de la marge d’action limitée dont il dispose, le CICR privilégie la coopération avec la Société nationale et son vaste réseau de volontaires. Il accorde ainsi au Croissant-Rouge du Pakistan un soutien financier, technique et matériel destiné à renforcer ses capacités, en particulier dans les domaines de la communication, des interventions d’urgence et des premiers secours.

 

Au cours de l’année 2012, plus de 4400 blessés pakistanais et afghans seront pris en charge par l’hôpital de campagne du CICR à Peshawar ou dans des établissements privés et des hôpitaux publics soutenus par l’institution. En outre, plus de 9200 personnes handicapées bénéficieront des services de centres de réadaptation physique soutenus par le CICR.

Souvenirs

However hard and hopeless it seems today, the Red Cross and Red Crescent Movement should not hesitate in its mission of humanity. Khalil would certainly not have wanted that, and without that resolve and courage to meet these terrible challenges there would simply be nothing left. So, grieving, shaken and shocked though we all are today, this work must go on, simply because there is no endeavour which is more important.
12 juin 2023
Neil and Julie Barry
I had the honour and great privilege to work with Ken in the Sudan. His unselfish dedication to his work was possibly one of the most impressive things which have since those distant days had a lasting impression on my life. Ken, you will be missed by all who knew you. You were the living definition of the word humanitarian.
12 juin 2023
Philip Turner
13 janvier 2023
Vincent

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