Najibullah Sahebzada voit le jour le 1er janvier 1976 dans la province de Balkh, dans le nord de l’Afghanistan. En 1997, Najib, comme le surnomment ses proches, obtient son diplôme d’études secondaires du lycée Istiqlala, et travaille pendant une année comme steward pour la compagnie aérienne locale Ariana. Il se tourne ensuite vers l’humanitaire et rejoint l’organisation Action contre la Faim, qui l’engage pour mener des activités de promotion de l’hygiène dans le district de Sancharak, dans la province de Sar-e-Pul. Il y restera deux ans.
En 2009, Najib est recruté sur un projet de soutien aux entreprises rurales, dans le cadre duquel il fonctionne tour à tour comme garde, chauffeur et responsable des achats. Trois ans plus tard, il commence à travailler comme consultant pour la sous-délégation du CICR à Mazar-i-Sharif. Au terme de quelques années de collaboration, en avril 2016, la sous-délégation lui propose un poste à plein temps en tant que chargé de liaison sur le terrain. Sa tâche consistera essentiellement à soutenir les activités menées par les différents départements de l’institution dans des domaines tels que la sécurité économique, l’eau et la santé.
Grâce au vaste réseau de contacts et à la grande expérience du terrain dont il dispose, sans compter le fait qu’il parle le pachtou, le dari et l’anglais, Najib est à l’aise partout où il est appelé à intervenir ; ce qui constitue un atout incontestable pour l’action que mène le CICR en faveur des communautés touchées par le conflit. Il sait à qui s’adresser et comment faire avancer les choses, même dans les endroits les plus reculés. Son esprit positif, son dynamisme et son sang-froid à toute épreuve font que ses collègues sont toujours ravis de travailler à ses côtés. Après avoir été consultant pour le CICR pendant plusieurs années, Najib sait l’importance de véhiculer une image positive de l’institution, si celle-ci veut faire passer son message et pouvoir être à l’écoute des besoins des gens. En tant que premier interlocuteur des communautés locales, il est les yeux et les oreilles de la sous-délégation de Mazar-i-Sharif, et les informations précieuses qu’il recueille à droite et à gauche contribuent à renforcer la pertinence des activités mises en place pour atteindre les personnes qui en ont le plus besoin : les familles déplacées ou séparées par le conflit, ou celles qui luttent au quotidien simplement pour survivre.
Le 8 février 2017, Najib est en route avec une équipe du CICR pour livrer du fourrage à des éleveurs de bétail dans le nord du pays, lorsque leur convoi tombe dans une embuscade que leur tendent des hommes armés non identifiés près de Sheberghan, dans la province septentrionale de Jawzjan. Najib, qui avait 41 ans et était marié, est tué ainsi que cinq de ses collègues : Omar Ghulam Murtaza, chargé de communication ; Khalid Jan, agent de terrain actif dans le secteur de la sécurité économique ; de même que Ghulam Rasoul, Ghulam Maqsood et Sayed Shah Agha, tous trois chauffeurs. Deux autres collègues sont kidnappés lors de l’attaque et ne seront libérés que sept mois plus tard. C’est l’une des pires tragédies de l’histoire du CICR.
Au lendemain de ce bain de sang, le directeur des opérations du CICR, Dominik Stillhart, condamnera ce qu’il décrit comme « un acte abject et insensé », qui a dévasté tant de vies et profondément ébranlé le CICR. Et d’ajouter : « Au-delà de l’immense tristesse que je ressens, j’éprouve un véritable sentiment de colère et d’indignation à l’idée que des individus aient pu ravir la vie de nos collègues avec une telle brutalité. Des collègues qui consacraient leur vie à venir en aide à leurs semblables. Absolument rien ne peut justifier un crime aussi odieux. »