Unen Ufoy-Rwoth naît le 5 décembre 1972 à Kasengu, localité de ce qui est depuis 2015 la province de l’Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). C’est là qu’il fait sa scolarité primaire (1978–1984) et secondaire (1984–1990). Il étudie ensuite à l’Université du Cepromad, à Bunia, de 1993 à1998, période pendant laquelle il enseigne à l’Institut Ujio wa Heri ; il a également un emploi d’assistant à l’université.
Unen est recruté à la sous-délégation du CICR à Bunia en janvier 2000 en tant qu’agent de terrain dans le domaine de la sécurité économique. Dès le début, il se montre résolu à apprendre et à s’adapter aux exigences de son nouvel environnement. Il ne recule devant aucune tâche, et ses collègues ne doivent jamais lui demander deux fois son aide quand ils en ont besoin. Il en va de même lorsqu’il s’agit de porter assistance à des familles qui souffrent du conflit en cours dans la région : Unen agit toujours avec empathie et respect. Il parle cinq langues – français, anglais, swahili, alur et lingala – , ce qui est très utile pour évaluer les besoins des communautés locales ou des personnes déplacées.
Grâce à ses qualités personnelles et professionnelles et à son dévouement à l’action du CICR, il se voit rapidement attribuer un nouveau rôle dans la sous-délégation : la recherche de personnes disparues. Il est dès lors chargé de gérer un nombre de cas en constante augmentation, de traiter des dizaines de messages Croix-Rouge par semaine, et d’organiser les regroupements familiaux.
Unen prend son travail au sérieux. Il est consciencieux et méticuleux, entièrement concentré sur la tâche qu’il doit accomplir. En même temps, il est très calme, posé, bienveillant et à l’écoute de l’autre. La recherche de personnes disparues constitue un véritable défi dans le meilleur des cas, et la situation dans l’est de la RDC ne fait pas exception. Cela n’empêche pas Unen de continuer à faire preuve d’une détermination sans faille pour réunir les proches séparés par les combats.
Le matin du 26 avril 2001, lui et cinq collègues du CICR quittent la sous-délégation de Bunia à bord de deux véhicules clairement marqués de l’emblème de la croix rouge pour se rendre à Fataki. Ils veulent évaluer les besoins des postes de santé de la région et des personnes déplacées qui y ont trouvé refuge. Ils ont aussi l’intention de distribuer des messages Croix-Rouge. Une mission qu’ils n’auront malheureusement jamais la chance d’accomplir : dans l’après-midi, tous les six sont trouvés assassinés aux environs de la ville de Djugu. Unen avait 28 ans. Parmi ses compagnons d’infortune se trouvaient trois autres collègues de nationalité congolaise – Aduwe Boboli et Jean Molokabonge, tous deux chauffeurs, âgés respectivement de 39 et 56 ans, et Véronique Saro, 32 ans, agentes de terrain pour le département médical – ainsi que Rita Fox-Stucki, 36 ans, déléguée santé de nationalité suisse, et Julio Delgado, 54 ans, délégué secours de nationalité colombienne.
Dans son allocution prononcée lors de la cérémonie organisée en leur mémoire, le président du CICR, Jakob Kellenberger, déclare : « La mort de nos six collègues est un immense “coup dur” pour l’institution. Ils incarnaient l’image de ce CICR réputé comme étant le lieu où des individus de nationalités, de cultures et d’horizons différents unissent leurs forces dans la poursuite d’un même idéal, celui de venir en aide à leurs semblables. Un peu partout dans le monde, vous trouverez des personnes vouant une profonde reconnaissance à ces femmes et ces hommes “venus de loin” pour apporter assistance et protection à ceux qui en ont besoin. Si certains viennent effectivement de loin, beaucoup d’autres sont issus des régions ou des pays mêmes où ils œuvrent au service de leur communauté. Et c’est de la fusion de leurs énergies et de la confiance qu’ils nourrissent les uns pour les autres que nous tirons notre force. Aujourd’hui, nous rendons hommage à quatre ressortissants congolais, à une Suissesse et à un Colombien qui portaient haut ces valeurs communes. »
Il n’avait fallu que quelques mois à Unen après son affectation au service de recherches de la sous-délégation pour le prendre en main et en améliorer du tout au tout les résultats. Il était dans son élément face à l’immense tâche qui consistait à aider d’innombrables familles à retrouver des êtres chers. Son travail ne faisait que commencer…