Susanne Buser voit le jour le 26 novembre 1957 à Sissach, près de Bâle, dans le nord-ouest de la Suisse. À la fin de sa scolarité obligatoire, elle suit une année d’école préparatoire aux professions paramédicales, à Riehen, avant d’entrer à l’école de soins infirmiers rattachée à l’hôpital cantonal de Bâle. Elle obtient son diplôme trois ans plus tard, en 1980, puis travaille une année comme infirmière dans ce même établissement. Elle part ensuite pour l’hôpital de Davos, où elle est affectée à l’unité de soins intensifs. Cette expérience l’enchante et elle décide de se spécialiser dans ce domaine. Elle retourne alors à Bâle pour y entamer sa nouvelle formation, qui l’occupera de 1982 à 1984. En parallèle, elle travaille dans le service des soins intensifs de chirurgie de l’hôpital cantonal.
Ce que Susanne aime tout particulièrement dans sa profession d’infirmière, ce sont les contacts étroits qu’elle entretient avec les patients et avec leurs proches. Très appréciée pour ses compétences et ses performances, elle est rapidement appelée à prendre part à la formation des futurs infirmiers et infirmières, ainsi que des nouveaux collaborateurs. Si sa vie professionnelle la comble, Susanne a aussi des centres d’intérêt très variés côté loisirs. Elle nourrit par exemple une véritable passion pour les langues étrangères, apprenant tour à tour le français, l’italien, l’espagnol et l’anglais. Le reste de son temps libre, elle le consacre à la culture, à l’artisanat et au sport. Avant de commencer à travailler pour le CICR, les voyages ne sont par contre pas sa priorité. Son expérience en la matière se limite en effet à deux séjours linguistiques à l’étranger, le premier en Angleterre, en 1976, et le second en Espagne, en 1981.
En 1984, son diplôme d’infirmière spécialisée en main, Susanne postule au CICR. Elle a soudainement envie d’élargir ses horizons et se dit qu’une mission de trois à six mois, de préférence en Amérique du Sud ou en Asie de l’Est, serait l’occasion rêvée. Son profil est intéressant et elle est rapidement engagée. Elle s’embarque alors, sans le savoir encore, dans une aventure de huit années au service de l’institution. Sa première mission l’emmène au Nicaragua, où elle séjournera de juillet 1985 à mai 1986, avant d’enchaîner deux autres missions au Pérou, entre juillet 1986 et juillet 1988. Sur place, elle s’occupe avant tout d’évaluer les besoins en soins de santé des civils vivant dans des zones de conflit. Mais elle travaille aussi dans différents domaines liés à la santé, comme la nutrition, l’hygiène publique et l’épidémiologie, et prodigue des soins infirmiers dans le cadre des visites que l’institution effectue dans les lieux de détention. Les collègues qui la côtoient au cours de ces trois années en Amérique du Sud ne cessent de vanter ses connaissances et son savoir-faire dans le domaine des soins, de même que son professionnalisme et ses capacités à faire face aux situations les plus imprévisibles.
En septembre 1989, après une pause d’une année, Susanne reprend du service pour le CICR, qui l’envoie au Kenya pour une mission de six mois, dans une région reculée du pays. Elle y reprend un programme de vaccination mis en place précédemment, s’occupe de la formation d’agents de santé locaux et apporte son soutien à des dispensaires fraîchement ouverts. De la région extrêmement isolée où elle est en poste, elle n’a qu’un accès très limité à la délégation. Elle doit ainsi composer seule, se passant la plupart du temps de soutien technique et assumant des tâches normalement réservées aux délégués. Mais la jeune femme très motivée qu’elle est ne se laisse pas intimider. Elle accepte même de prolonger son contrat et travaille quelques mois durant comme administratrice médicale du CICR à Nairobi.
Susanne s’accorde ensuite une petite pause et, après quelques mois de battement, elle retourne en Afrique pour le CICR. D’abord en Ouganda, d’octobre 1990 à mai 1991, puis au Libéria, d’août 1991 à juin 1992. Comme à son habitude, elle fait preuve d’un engagement professionnel exemplaire, qui lui vaut l’admiration aussi bien de ses collègues de la délégation que des communautés aux côtés desquelles elle travaille.
En juillet 1992, le CICR l’envoie à Kenema, en Sierra Leone. Elle y a principalement pour tâche de mettre en place et de superviser des structures de soins ainsi qu’un centre de nutrition. Mais elle s’occupe également de former les personnels locaux et de gérer l’inventaire médical en Sierra Leone. Elle accompagne aussi régulièrement, en tant que déléguée santé, les équipes qui visitent les lieux de détention. Enfin, elle participe activement aux évaluations de la situation nutritionnelle dans différentes régions du pays, et prend part aux activités menées sur le terrain par les équipes du CICR dans des domaines tels que l’hygiène publique, les secours et la sensibilisation aux activités de l’institution. Une fois encore, son expertise médicale, ses compétences professionnelles et son sens du travail en équipe sont mis à l'honneur.
Le matin du 27 août 1993, Susanne prend la route avec une équipe du CICR qui s’apprête à acheminer des vivres et des fournitures médicales dans la ville de Zimmi. Depuis une année et demie, avec le concours de la Croix-Rouge de Sierra Leone, l’institution vient en aide à quelque 10 000 personnes déplacées dans cette région frontalière du Libéria. En chemin, aux abords de la ville de Gorahun, leur convoi composé de deux véhicules dûment marqués de l’emblème de la croix rouge tombe dans une embuscade. Les assaillants ouvrent le feu. Susanne et deux autres personnes sont tuées : une infirmière sierra-léonaise, Sarah Leomy, et un des deux chauffeurs du convoi. Une troisième infirmière, Bernadette Peterhans, de nationalité suisse, est blessée, mais ses jours ne sont pas en danger. Susanne avait 35 ans.
Du début de sa carrière à sa fin prématurée, l’humanitaire dans l’âme qu’était Susanne a donné sans compter de sa personne, souvent au mépris de conditions extrêmes, pour venir en aide aux personnes en détresse, essentiellement en Amérique du Sud et en Afrique.