Reto Neuenschwander voit le jour le 27 mars 1957 à Aarau, dans le centre-nord de la Suisse. En 1977, après des études secondaires à Oberägeri, il s’inscrit à la faculté de médecine de l’Université de Bâle. Au terme de quatre semestres, il bifurque vers la faculté des lettres de la même université, où il obtient sa licence en 1989. Ses études achevées, Reto travaille pendant près de deux ans pour l’armée suisse, jusqu'en septembre 1991, au sein de la délégation de la Commission des nations neutres pour la surveillance de l’armistice en Corée.
Lorsqu’il pose sa candidature au CICR en janvier 1992, à l’âge de 35 ans, Reto a une idée assez précise de sa future carrière professionnelle, qu’il entend orienter vers la politique internationale, la résolution de conflits dans les situations de crise, la diplomatie et la négociation. En se tournant vers le CICR, il aspire à acquérir une expérience de terrain dans le domaine humanitaire.
En juillet 1992, pour sa première mission, Reto est envoyé pour trois mois à Colombo, au Sri Lanka, en tant que délégué généraliste. Il effectue ensuite une mission de huit mois en Somalie – tout d’abord à Mogadiscio, dans le nord du pays, puis à Kismayo –, où il séjournera jusqu’en juin 1993. Sur place, en dépit de son expérience limitée, il se voit confier d’importantes responsabilités, qui l’amèneront tour à tour à coordonner les activités d’assistance, à organiser la distribution de biens et à négocier avec différents partenaires locaux. Il est ensuite posté à Zenica, en ex-Yougoslavie, où il arrive en août 1993. Face à la situation sécuritaire précaire qui prévaut, il a notamment à gérer des problèmes de réapprovisionnement, à un moment où le CICR est en plein remaniement de ses activités d’assistance. À partir d’août 1994, il passe une année à Kaboul, en Afghanistan, en qualité de coordonnateur des secours, une mission très exigeante une fois encore.
En octobre 1995, c’est au Burundi que Reto poursuit ses activités d’assistance. Dans ce pays d’Afrique alors déchiré par un conflit sanglant, le CICR est l’une des rares organisations humanitaires à pouvoir encore fonctionner de manière relativement efficace. Il est posté dans le nord du pays, à Cibitoke, une région qui subit de plein fouet les effets de la violence et où la délégation s’emploie à approvisionner la population en eau, en fournitures médicales et autres articles de première nécessité. Ça sera la dernière mission de Reto.
Le 4 juin 1996, après une journée passée dans un camp de réfugiés des environs de Mugina à effectuer des réparations sur le système de distribution d’eau, Reto et plusieurs collaborateurs de l’institution qui l’accompagnent dans cette mission reprennent la route pour rentrer à Bujumbura. À un moment donné, leur véhicule, qui arbore distinctement le logo du CICR, tombe dans une embuscade. Reto et deux de ses collègues, Cédric Martin et Juan Rufino, sont tués dans l’attaque. Il avait 39 ans.
Réservé et généreux, assidu et consciencieux à l’extrême dans son travail, Reto était toujours disposé à donner un coup de main à ses semblables, avec qui il aimait aussi plaisanter, à sa manière, toujours un peu sur la retenue. Il faisait preuve d’une détermination inébranlable dans la poursuite de la vision qui l’animait, celle d’une coexistence pacifique entre les peuples et les nations.