Nous nous souvenons de Peter Altwegg
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Peter Altwegg voit le jour en Suisse orientale le 19 septembre 1963. Il suit l’école secondaire à Wil, puis rentre à l’école cantonale de Saint-Gall, où il fait sa maturité à l’automne 1982. Il entame ensuite des études de droit à l’Université de Saint-Gall, et en ressort en 1987, son diplôme en poche. Pendant ses années d’études, il enchaîne différents petits boulots, travaillant successivement à la poste, comme entraîneur de handball, portier de nuit dans un hôtel ou encore enseignant à l’école professionnelle de Wil. Ses études universitaires terminées, il décroche un poste de stagiaire dans le bureau du juge d’instruction du district de Wil.
Au quotidien, Peter est une personne discrète mais à la fois très sociable. Enfant, il aime aller se promener dans les bois avec ses trois frères et sœurs ou avec ses amis. Il apprécie aussi de passer des heures, tranquille, à lire ou simplement à préparer un gâteau. En grandissant, il consacre toujours plus de temps aux activités sportives et pratique indifféremment le handball, le football ou le squash. En hiver, il aime aussi beaucoup skier.
Serviable et ouvert de nature, Peter s’attire naturellement l’affection et l’estime des personnes qu’il côtoie. Au fil des ans, il tisse ainsi de nombreuses amitiés, que ce soit à l’école, à l’université, au travail ou dans le sport, qu’il entretiendra avec fidélité jusqu’à sa disparition avant l’heure.
Peter est en outre habité par une grande soif d’apprendre. Lecteur assidu, il suit aussi attentivement l’actualité mondiale, et fait preuve d’un esprit analytique très pointu. Mais il n’est pas du genre à musarder indéfiniment et il adore bouger. Il sillonnera ainsi de nombreux pays d’Europe et visitera aussi les États-Unis et l’Asie du Sud-Est.
S’il est plutôt peu bavard, Peter a les idées bien claires sur ce qu’il entend faire dans la vie. En juin 1988, il pose sa candidature au CICR, où il va pouvoir conjuguer son intérêt pour les cultures et la politique étrangères avec son sens aigu de la justice et de l’humanité. Comme il l’écrit lui-même, il veut travailler comme délégué sur le terrain, car il est déterminé à venir en aide aux personnes vulnérables vivant dans des pays touchés par un conflit.
En novembre, il achève sa formation de délégué et, après un bref passage au siège de l’institution à Genève, Peter part pour sa première mission sur le terrain. Il est posté à Lokichokio, au Kenya, d’où il dirigera, six mois durant, le bureau du CICR à Akon, au Soudan voisin. D’emblée, il se distingue par ses capacités hors pair, grâce notamment à un sens de l’organisation pointu et une grande aptitude à identifier les problèmes et à les résoudre. Sa facilité à communiquer avec les gens lui confère aussi rapidement une sorte d’autorité naturelle. Quant au sang-froid dont il fait montre dans de nombreuses situations parfois délicates, il force le respect de tous.
Pour sa deuxième mission, Peter part pour le Mozambique, où il aura l’occasion de parfaire son expérience CICR dans le cadre d’activités diversifiées. Il travaille d’abord comme délégué terrain à Beira, avant de commencer à visiter des lieux de détention à partir de Maputo. Très à l’aise dans ces différentes fonctions, il se fait sans tarder apprécier de ses collègues. Mais après seulement sept mois sur place, le CICR l’envoie en Somalie, alors en proie à un conflit complexe et meurtrier.
Il est affecté à la sous-délégation de l’institution à Berbera, une ville portuaire du nord du pays. Peter excelle dans son travail de délégué et de coordonnateur des activités que l’institution mène sur le terrain. Modeste mais motivé, positif et ouvert d’esprit, il est rapidement promu au poste de chef adjoint de la sous-délégation.
Le 6 octobre 1990, près de sept mois après son arrivée à Berbera, Peter, une collègue du CICR et deux employés du Croissant-Rouge de Somalie se rendent à Daraweyne, en pleine zone de conflit, pour y effectuer une évaluation des besoins humanitaires. Sur la route du retour, leur voiture tombe en panne, à une trentaine de kilomètres d’Hargeisa. Les quatre collègues n’ont alors d’autre choix que d’abandonner le véhicule et de continuer leur chemin à pied. À un moment donné, ils sont pris en charge par un camion qui les recueille. Mais celui-ci ne tarde pas à tomber dans une embuscade que leur tend un groupe de rebelles, ignorant vraisemblablement que des travailleurs humanitaires voyagent à son bord. Il s’ensuit une fusillade durant laquelle Peter est touché par balle. Un de ses trois collègues parvient à s’enfuir, tandis que les deux autres sont pris en otage par le groupe rebelle, qui les relâchera quelques jours plus tard. Emmené à Hargeisa, Peter décède de ses blessures peu de temps après son admission à l’hôpital. Il venait d’avoir 27 ans.
Marquées par une multitude d’activités très diverses menées dans des circonstances la plupart du temps difficiles, les deux années mouvementées que Peter a passées au CICR auront suffi à faire ressortir toutes les qualités qui étaient les siennes. Ses collègues se souviendront de lui comme d’un jeune homme calme mais décidé, sur qui on pouvait compter quand il s’agissait de gérer les situations les plus délicates. En fin de compte, Peter aura fait ce qu’il souhaitait le plus faire : donner de sa personne pour contribuer à améliorer l’existence de ses semblables. Peu avant sa fin prématurée, il avait écrit à sa famille qu’il se sentait tellement impliqué dans son travail au CICR qu’il avait décidé de prolonger sa mission.
En 1991, Peter se verra décerner la médaille Henry Dunant à titre posthume, en reconnaissance de son engagement sans faille au service du CICR.
Wir erinnern uns an Peter Altwegg
Peter Altwegg wurde am 19. September 1963 in der Ostschweiz geboren. Nach der Sekundarschule in Wil besuchte er die Kantonsschule in St. Gallen, die er im Herbst 1982 mit der Matura abschloss. An der Hochschule St. Gallen (heute Universität St. Gallen) studierte er Rechtswissenschaften und schloss sein Studium 1987 mit dem Lizentiat ab. Parallel zum Studium arbeitete Peter in diversen Nebenjobs: bei der Post, als Handballtrainer, als Nachtportier und als Lehrer am KV Wil. Beim Untersuchungsrichteramt des Bezirks Wil trat er nach dem Studienabschluss eine Praktikumsstelle an. So viel zu Peters Ausbildungsweg, bevor er IKRK-Delegierter wurde.
Privat war Peter sowohl ein ruhiger als auch ein sehr geselliger Mensch. Als Bub genoss er es, mit seinen drei Geschwistern und Freunden durch den Wald zu streifen. Ebenso aber liebte er es, still für sich zu lesen oder einen Kuchen zu backen. Je älter er wurde, desto mehr Zeit verbrachte Peter mit sportlicher Betätigung: Er spielte Handball, Fussball und Squash und im Winter fuhr er gerne Ski.
Durch sein hilfsbereites Wesen gewann Peter die Herzen vieler Mitmenschen. Die vielen Freundschaften, die während Schule, Studium und Arbeit oder durch den Sport entstanden, pflegte er mit der ihm eigenen ruhigen Art.
Sein Wissensdurst war gross. Als eifriger Leser verfolgte Peter das Zeitgeschehen mit grossem Interesse und zeichnete sich durch sein analytisches Denken aus. Andere Länder interessierten ihn sehr, so bereiste er weite Teile Europas sowie die Vereinigten Staaten und Südostasien.
Peter machte nie viele Worte. Er überlegte im Stillen, wie er sein Leben gestalten wollte. Als Peter sich im Juni 1988 beim IKRK bewarb, konnte er sein Interesse für fremde Kulturen und Politik mit seinem ausgeprägten Sinn für Gerechtigkeit und Humanität verbinden. Sein Ziel war klar: Wie er selbst schrieb, wollte er als Delegierter im Ausland arbeiten und verletzlichen Menschen beistehen.
Nach Abschluss der Grundausbildung im November und einem kurzen Einsatz am Hauptsitz des IKRK in Genf kam Peter in seinem ersten Einsatz nach Lokichokio in Kenia. In den folgenden sechs Monaten (Dezember 1988 bis Juni 1989) wurde Peter Leiter des Büros in Akon im Südsudan. Bei dieser ersten Bewährungsprobe überzeugte Peter durch seine Fähigkeiten: Er war gut organisiert und verstand es, Probleme zu erkennen und zu lösen. Seine Leichtigkeit, auf Menschen zugehen zu können, schenkte ihm eine natürliche Autorität und seine Gelassenheit half ihm in den vielen - manchmal heiklen - Situationen, mit denen er im Feld konfrontiert war.
Sein zweiter Einsatz führte Peter nach Mozambique, wo er die breitgefächerten Aktivitäten eines Delegierten kennenlernte. Zunächst arbeitete er in Beira als Felddelegierter, danach besuchte er von Maputo aus Gefängnisse. Peter war bei seinen Kolleginnen und Kollegen sehr beliebt. Sein Einsatz in Mozambique endete vorzeitig, als das IKRK ihn bat, einen nächsten Einsatz in Somalia zu leisten, einem Land, in dem ein komplexer und gefährlicher Konflikt ausgetragen wurde.
Peter war in der Sub-Delegation des IKRK in der Hafenstadt Berbera im Norden Somalias stationiert und leistete als Delegierter und Feld-Koordinator ausgezeichnete Arbeit. Er war bescheiden, motiviert, konstruktiv und aufgeschlossen - und wurde bald zum stellvertretenden Chef der Sub-Delegation ernannt.
Nach fast sieben Monaten, am 6. Oktober 1990, war Peter mit einer IKRK-Kollegin und zwei Mitarbeitenden des Somalischen Roten Halbmonds unterwegs, um die humanitären Bedürfnisse im Konfliktgebiet von Daraweyne abzuklären, als ihr Fahrzeug auf dem Rückweg, rund 30 km von Hargeisa entfernt, eine Panne hatte. Sie mussten das Fahrzeug stehenlassen und zu Fuss weitergehen. Unterwegs wurden sie von einem Lastwagen mitgenommen, der kurz darauf in einen Hinterhalt geriet und von Rebellen beschossen wurde, die nicht wussten, dass Mitarbeiter des Roten Kreuzes mitreisten. Peter wurde angeschossen und starb später in Hargeisa an seinen Verletzungen. Er war 27 Jahre alt. Einem der drei Mitarbeiter des Roten Kreuzes gelang es zu fliehen, während die beiden anderen für einige Tage von der Rebellengruppe festgehalten wurden.
In den zwei turbulenten Jahren beim IKRK und unter den teils prekären Bedingungen kamen Peters beste Eigenschaften zum Vorschein. Er war ruhig und entschlossen und ein zuverlässiger Kollege, der mit schwierigen Situationen gut umgehen konnte. Letztlich tat er, was er sich vorgenommen hatte: Er hatte sich in den Dienst von Menschen gestellt, die Hilfe benötigten. Noch kurz vor seinem jähen Tod schrieb er nach Hause, dass er sich seiner Arbeit verpflichtet fühle und er deswegen seine Zeit beim IKRK noch etwas verlängern werde.
Peter Altwegg wurde 1991 posthum mit der Henry-Dunant-Medaille ausgezeichnet
Le CICR en
Somalia, 1990
Ancien protectorat britannique, la Somalie accède à l’indépendance en 1960. Moins d’une décennie plus tard, à la faveur d’un coup d’État, le général Siad Barre se hisse au pouvoir. La junte militaire qu’il dirige se range dans un premier temps du côté de l’Union soviétique, dans la guerre froide que se livrent l’URSS et les États-Unis. Ces bonnes relations avec Moscou cessent toutefois à la fin des années 1970, lorsque le pays perd la guerre de l’Ogaden qui l’oppose à l’Éthiopie, elle-même soutenue par l’Union soviétique. La défaite de la Somalie dans ce conflit entraîne la rébellion de différents clans, qui se soulèvent contre le gouvernement. S’ensuivent dix années de troubles politiques, qui se prolongeront jusque dans les premières années de la décennie suivante. En 1990, lorsque Peter arrive en Somalie, les combats font toujours rage entre les forces gouvernementales et le Mouvement national de la Somalie, les différentes factions liées aux nombreux clans que compte le pays prenant parti pour l’un ou l’autre camp.
Tandis que la situation extrêmement tendue qui prévaut dans le nord du pays pousse de nombreuses organisations humanitaires à quitter le pays, le CICR décide d’y maintenir ses activités d’assistance. Plus tard dans l’année, par suite de plusieurs incidents de sécurité, il se verra néanmoins contraint de suspendre une partie de ses opérations sur le terrain. En attendant, pour remédier à la situation particulièrement critique sur le plan des soins de santé, alors que la plupart des structures médicales ont cessé de fonctionner, le CICR entreprend de remettre à niveau un hôpital de Berbera – là justement où Peter est en poste –, qu’il dote d’une équipe chirurgicale et ravitaille en médicaments et en matériel médical. Avec le concours du Croissant-Rouge de Somalie, il apporte en outre son soutien à six autres hôpitaux situés dans des villes du nord-ouest du pays touchées par le conflit.
Cette même année, le CICR distribuera, par ailleurs, plus de 2300 tonnes de secours d’urgence, essentiellement de la nourriture, mais également des articles de première nécessité tels que des couvertures, du savon et des vêtements. Ses programmes d’aide visent principalement la population civile somalienne, en particulier les personnes déplacées, mais s’adressent aussi à des milliers de réfugiés éthiopiens ayant fui leur pays à l’époque de la guerre de l’Ogaden. Les activités déployées par l’institution pour venir en aide à ces réfugiés se traduiront aussi par une grande opération de rapatriement. Près de 4000 réfugiés éthiopiens pourront ainsi regagner leur pays à partir du nord-ouest de la Somalie, grâce aux efforts conjoints du CICR, du Croissant-Rouge de Somalie et de la Croix-Rouge éthiopienne, ainsi que d’autres organisations humanitaires.