Tout au long de l’année 2015, le Yémen continuera de subir les effets dévastateurs du conflit qui déchire le pays, et sera le théâtre de nombreux épisodes de violence. Dès le mois de mars, une coalition militaire conduite par l’Arabie saoudite commence à mener des frappes aériennes, dans le but déclaré de contrer l’avancée des rebelles houthis soutenus par Téhéran. À la mi-août, presque tout le Yémen subit d’une manière ou d’une autre les effets de l’offensive militaire. La structure du gouvernement reste floue, de nombreux postes clés étant vacants et les fonctions officielles exercées par des groupes de différentes obédiences. Une fois de plus, ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut à la violence : les combats, les tirs d’artillerie et les bombardements aériens font plus de 6000 morts et des dizaines de milliers de blessés, et plus de deux millions de personnes sont déplacées, selon les chiffres officiels. Ce contexte chaotique rend les conditions de travail des acteurs humanitaires et du personnel de santé difficiles, entravant les efforts qu’ils déploient pour tenter de répondre aux énormes besoins de la population. Des établissements de soins, tels que ceux soutenus par Médecins Sans Frontières, et des bureaux d’organisations humanitaires sont bombardés ou touchés par des tirs d’obus. Huit volontaires du Croissant-Rouge du Yémen et deux employés du CICR, Mohammed et son collègue Abdulkarem, sont tués dans l’exercice de leurs fonctions. En décembre, deux autres collaborateurs du CICR sont enlevés. D’importantes contraintes logistiques liées notamment à la fermeture ou à la destruction partielle ou complète des aéroports et des ports du pays viennent par ailleurs entraver encore davantage l’action humanitaire.
En 2015, le CICR est l’une des rares organisations internationales à ne pas s’être retirée du Yémen. Compte tenu de l’extrême insécurité, l’institution doit adapter son dispositif et ses activités afin de trouver l’équilibre le plus juste entre l’urgence des besoins de la population et les risques encourus par son personnel. Elle recentre ainsi ses efforts sur les préoccupations immédiates des habitants, telles que l’accès aux soins de santé, à la nourriture et à l’eau. Certains membres du personnel sont provisoirement transférés dans un bureau à Djibouti et des mesures de sécurité plus strictes sont mises en place, notamment à la suite d’incidents impliquant des employés du CICR. Une base logistique à Oman soutient en outre les opérations que l’institution mène au Yémen.
Lorsque les hostilités reprennent de plus belle en mars, le CICR rappelle aux parties concernées, sur une base bilatérale et par le biais de déclarations publiques, qu’elles sont liées par les dispositions du droit international humanitaire et d’autres normes applicables. Il approche en outre plusieurs acteurs susceptibles d’exercer une influence sur la situation au Yémen, les incitant à répondre plus activement aux besoins humanitaires croissants et cherchant à obtenir leur soutien aux opérations menées par l’institution. Les efforts ainsi déployés aboutissent à l’obtention de pauses dans les combats, grâce auxquelles les équipes du Croissant-Rouge du Yémen et du CICR sont à même d’acheminer des secours, d’évacuer des blessés et de récupérer ou transférer les dépouilles de victimes.
Par ailleurs, pour aider à gérer l’afflux de blessés vers les établissements de soins d’Aden, l’institution déploie en avril une équipe chirurgicale à l’hôpital Al-Joumhouri, qui est finalement contrainte de se retirer de l’établissement trois semaines plus tard en raison du rapprochement des combats. Elle reprend du service en juin à l’hôpital Al-Mansoura, d’où elle finira également par être évacuée. Les deux hôpitaux pourront toutefois continuer à prendre en charge des patients grâce au soutien du CICR. Enfin, l’institution travaillera en étroite coopération avec les services des eaux locaux dans le but de remédier aux interruptions dans l’approvisionnement en eau de certaines zones urbaines. Plus de 2,5 millions de personnes en bénéficieront.