Michel
Kuhn
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Tajikistan

Nous nous souvenons de Michel Kuhn

Michel Kuhn voit le jour le 9 janvier 1949 à Fribourg, en Suisse. Il fait ses premières classes dans la commune voisine de Villars-sur-Glâne, puis retourne à Fribourg pour ses études secondaires, qu’il termine en 1965. Après une formation professionnelle de deux ans, il entreprend un apprentissage dans un institut de chimie et de physiologie, où il travaillera jusqu’en 1971 comme mécanicien sur machines. Il passe ensuite deux ans dans les rangs de l’armée et en ressort avec le grade de lieutenant. En 1972, il décroche un contrat de technicien installateur de centraux téléphoniques chez Siemens, à Zurich. Quelques années après, il saisit l’occasion qu’on lui offre de rejoindre l’antenne bernoise de l’entreprise, où il se voit confier un poste d’ingénieur planificateur de travaux pour les chantiers. En 1978, il quitte Siemens et retourne à l’armée pour une année.

 

Parallèlement à sa carrière professionnelle, entre 1969 et 1977, Michel fait de la compétition cycliste dans l’équipe nationale suisse. En 1974, il remporte la médaille de bronze aux Championnats du monde de cyclisme amateur, à Montréal. Pendant ces huit années, il sillonne le monde au gré des compétitions auxquelles il participe. C’est un athlète accompli : en plus du vélo, il pratique avec le même plaisir l’escalade, la voile, la pêche sportive et le ski.

 

En 1979, au terme d’un deuxième long passage sous les drapeaux – d’où il ressort avec le grade de capitaine –, Michel est engagé chez le fabricant de cycles Allegro, à Neuchâtel, en qualité de chef adjoint des ventes et responsable des relations avec la clientèle et de la planification. Au bout de quelque temps, se rendant compte que son niveau d’anglais laisse à désirer, il planifie un séjour linguistique en Angleterre pour le printemps 1981. Entre-temps, il est embauché temporairement par Frischflor, une société allemande, pour gérer les importations de fleurs en Suisse de l’entreprise, le temps que celle-ci trouve un racheteur. En 1981, comme prévu, Michel se rend en Angleterre, et c’est d’Exeter qu’il postule au CICR, en fin d’année.

 

Il est engagé en avril de l’année suivante. Deux mois plus tard, il part pour le Liban en qualité de délégué chargé des activités de recherche de personnes disparues et de rétablissement des liens familiaux. Après 11 mois passés au Liban, il effectue deux autres missions dans le même domaine, tout d’abord en Syrie, de juillet à octobre 1983, puis de nouveau au Liban, d’octobre 1983 à novembre 1984. En décembre de cette même année, Michel est envoyé en Iran comme coordonnateur des activités de recherche, pour ce qui sera sa plus longue affectation au sein de l’institution. Au terme de presque trois années sur place, il est déplacé en Namibie, où il dirigera la sous-délégation de septembre 1987 à janvier 1989. Il occupe ensuite le même poste, mais cette fois au Kenya, de février à octobre 1989. À partir de cette époque, compte tenu de la solide expérience qu’il a accumulée au fil des ans, le CICR voit en Michel un délégué à haut potentiel, capable d’assumer des responsabilités toujours plus grandes.

 

En novembre 1989, il part pour l’Afghanistan, où il entame sa dernière mission dans le domaine de la recherche de personnes. Il y est très apprécié de son chef, qui le décrit comme une personne extrêmement motivée, discrète, respectueuse de ses semblables et avec qui il fait bon travailler. En mai 1991, Michel part pour Téhéran en tant que chef adjoint de délégation. Il y a pour tâches de gérer tous les aspects liés aux activités d’assistance menées par la délégation, de coordonner les rapatriements des prisonniers de guerre et de superviser le lancement de divers projets dans l’ouest de l’Afghanistan. Sa mission s’achève de manière abrupte en mars 1992, lorsque le CICR se voit contraint de quitter l’Iran.

 

Michel part ensuite pour Bakou comme chef de la mission du CICR en Azerbaïdjan. Un poste qu’il occupe d’avril à septembre 1992, avant qu’une hépatite ne le cloue au lit durant plusieurs mois. Remis de ses problèmes de santé, c’est avec plaisir que, en mars 1993, il accepte d’être envoyé au Tadjikistan, où il doit collaborer à l’ouverture d’une sous-délégation du CICR. De là, il est censé repartir directement pour une nouvelle affection en Azerbaïdjan. Le sort en décidera toutefois autrement. Le samedi 28 août, il embarque sur un vol interne au départ de Khorog, dans le sud-est du Tadjikistan. Mais l’avion, qui est en surcharge de passagers, s’écrase peu après le décollage. Comme la quasi-totalité des personnes qui voyagent à son bord, Michel est tué dans la catastrophe. Il avait 44 ans.

 

À l’époque où il est entré au CICR, Michel était plus âgé que la plupart des jeunes délégués de sa volée ; et aussi plus expérimenté, ayant déjà connu l’armée et s’étant déjà frotté à la vie d’entreprise. Mais ce sont certainement ses qualités de cycliste de compétition, comme sa ténacité, sa persévérance, sa rigueur ainsi que son esprit d’équipe, qui lui auront été les plus utiles dans sa vie de travailleur humanitaire. En 1993, Michel se verra décerner la médaille Henry Dunant à titre posthume, en reconnaissance de son engagement exemplaire au service du CICR.

Le CICR en
Tajikistan, 1993

Lorsque, à la fin des années 1980, l’Union soviétique commence à se fissurer, le peuple du Tadjikistan se scinde en deux camps, l’un se prononçant en faveur de l’indépendance du pays, l’autre exprimant son souhait de rester dans le giron soviétique. Suite à la dissolution de l’Union soviétique en décembre 1991, la situation socioéconomique de cette ex-république soviétique se détériore rapidement et les tensions entre camps adverses s’exacerbent. Une guerre civile éclate en mai 1992, tandis que des groupes rebelles des régions de Garm et du Haut-Badakhshan, emmenés par une coalition de réformateurs démocratiques libéraux et d’islamistes, se soulèvent contre le gouvernement. Celui-ci est alors dirigé par l’un des anciens dirigeants communistes du pays et dominé par des responsables politiques issus des régions de Khujand et de Kulob. Le conflit, qui durera cinq ans, se circonscrira essentiellement au sud du pays. Après avoir connu une phase particulièrement aiguë fin 1992, les hostilités commencent à perdre de leur intensité dans le courant de l’année suivante. Entre-temps, les combats auront contraint plus d’un demi-million de civils – soit 10 pour cent de la population – à fuir vers d’autres régions du pays ou à franchir sa frontière méridionale pour trouver refuge en Afghanistan.

 

Le CICR lance une opération d’assistance dans le pays en 1992. Dans un premier temps, il mène ses activités à partir de la délégation régionale de Tachkent, en Ouzbékistan, avant d’ouvrir une délégation à Douchanbé, la capitale tadjike, en janvier 1993, puis, plus tard dans l’année, une sous-délégation, avec l’aide de Michel, justement. Dans ce contexte de guerre civile, le CICR distribue de la nourriture, des vêtements, des couvertures, des bâches en plastique et des colis familiaux aux civils qui subissent les effets des violences. Il fournit également une aide d’urgence aux établissements de santé et met en place une clinique mobile appelée à prodiguer des soins aux personnes déplacées et à celles de retour chez elles. Ses délégués organisent en outre de nombreuses séances de sensibilisation aux principes du droit international humanitaire à l’intention des membres des forces armées, des représentants du gouvernement et des collaborateurs de la Société du Croissant-Rouge du Tadjikistan.

Souvenirs

Médaille de bronze aux championnats du monde amateurs sur route 1974
12 juin 2023
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