Jürg Baumann voit le jour à Lausanne (Suisse) le 22 juin 1955. Après ses études secondaires, achevées au sein d’une école de commerce, il étudie les sciences économiques et commerciales à l’Université de Lausanne, où il obtient sa licence en 1978. Jürg grandit en parlant le français et le suisse allemand ; il perfectionnera ensuite son anglais grâce à plusieurs séjours d’un mois au Royaume-Uni entre 1971 et 1973.
À l’Université de Lausanne, Jürg préside l’Association internationale des étudiants en sciences économiques et commerciales. C’est aussi pendant ses études universitaires qu’il reçoit la Médaille d’argent Robert Schuman pour ses efforts en faveur de l’unité européenne. Bien qu’il se destine à une carrière dans les affaires, il souhaite d’abord travailler dans le domaine humanitaire pendant quelques années. Outre ce penchant altruiste, il est motivé par son intérêt pour les relations internationales, par son talent d’organisateur et par son goût du travail sous pression dans un cadre sans formalisme.
Lorsque Jürg présente sa candidature au CICR en décembre 1978, il est âgé de 23 ans. Il n’a guère d’expérience professionnelle, mais il est lieutenant dans l’armée suisse, avec quelque 500 jours de service militaire à son actif. Ce parcours lui a permis d’acquérir un sens de la discipline, ainsi que l’habitude de vivre et de travailler au sein d’un collectif. Durant l’entretien de recrutement, il produit une excellente impression, se montrant intelligent, sûr de lui et s’exprimant avec aisance. Ces qualités se confirment pendant le cours de formation, qui révèle en outre une attitude de serviabilité et d’attention envers ses collègues plus chevronnés. C’est sans la moindre hésitation que le CICR recrute Jürg, en dépit de son jeune âge.
La première mission de Jürg s’apparente à une formation sur le tas de huit mois en Israël et dans les territoires occupés. Il acquiert une expérience directe en visitant des personnes détenues pour des raisons liées au conflit et en aidant à réunir des familles séparées par le conflit. Jürg apprend vite et se montre capable de gérer avec aisance ses relations avec les personnes et les entités extérieures au CICR auxquelles il a affaire dans son travail.
Après avoir fait ses preuves dans cette affectation, Jürg est envoyé au Soudan, où la délégation du CICR répond aux besoins créés par les troubles graves qui secouent les pays voisins. Il travaille sur place comme délégué terrain, passant beaucoup de temps dans les zones de conflit, où il se familiarise avec les problèmes et les besoins de la population civile et des prisonniers de guerre. Les rapports qu’il rédige sont détaillés et objectifs et reflètent sa sensibilité à l’égard des personnes concernées et de leur situation. Au fur et à mesure qu’il acquiert de l’expérience, il apprend à mieux connaître les périls liés à son travail. Mais c’est un facteur de risque impossible à maîtriser qui va finalement lui coûter la vie : le 21 septembre 1980, un an après le début de sa deuxième mission, il perd la vie dans un accident de la route, à l’âge de 25 ans.
Jürg incarnait tout à la fois l’idéalisme de la jeunesse et le sens des responsabilités ; il était guidé aussi bien par ses émotions que par son intellect. Engagé par le CICR comme un jeune collaborateur prometteur mais sans grande expérience, il fit de sa jeunesse un atout, gagnant le respect et l’affection de ses collègues par l’ardeur et le sérieux qu’il mettait à la tâche.