Jeannette Waddell Fournier, surnommée Jeanie par sa famille et ses amis, voit le jour le 13 octobre 1955 à Ardmore, en Oklahoma, aux États-Unis. En 1975, fraîchement diplômée du Kettering College of Medical Arts de Dayton, en Ohio, elle entame une carrière dans le domaine des soins infirmiers et de la santé publique, auquel elle consacrera toute sa vie. Jeannette débute comme infirmière au Kettering Memorial Hospital, où elle se spécialise dans les soins intensifs cardiologiques. Elle entame ensuite une formation d’une année pour devenir responsable du personnel infirmier, avant d’être engagée en 1978 par le Sycamore Hospital de Miamisburg, en Ohio toujours, en qualité d’infirmière cheffe de l’unité des soins intensifs. Elle y restera deux ans.
En 1980, Jeannette offre ses services à la Croix-Rouge américaine, qui la détache auprès du CICR pour participer à une mission en Thaïlande, où elle travaillera comme infirmière dans le camp de réfugiés de Nong Chan installé sur la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. L’année suivante, elle est engagée par l’Ordre de Malte pour travailler en tant qu’infirmière de bloc opératoire dans le camp de Khao-i-Dang, qui accueille des dizaines de milliers de réfugiés cambodgiens. Elle réintègre ensuite les rangs du CICR pour une mission comme infirmière cheffe dans un hôpital de campagne à Peshawar, au Pakistan, où elle restera jusqu’en 1982. C’est à cette époque qu’elle donne naissance à son premier enfant, suivi d’un autre deux ans plus tard.
En 1983, Jeannette est envoyée comme instructrice à l’hôpital Ahli Arab, dans la bande de Gaza, où elle formera des infirmiers spécialisés en soins intensifs. Elle y reste deux ans, avant de s’orienter vers l’Afrique, où elle travaillera à la Zaire American Clinic de Kinshasa en tant qu’infirmière clinicienne et assistante en chirurgie, de 1985 à 1987. Les années qu’elle passera en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient éveilleront en elle son amour de la diversité culturelle et sa grande capacité d’adaptation, doublés d’une curiosité sans borne.
En 1990, Jeannette revient au CICR en qualité tour à tour d’assistante administrative, de traductrice et de rédactrice-éditrice à la délégation de Harare, au Zimbabwe, alors dirigée par son mari Henry Fournier. Trois ans plus tard, elle est affectée à la délégation régionale de Jakarta, en Indonésie, où elle continue à travailler comme rédactrice et traductrice. À relever qu’elle parle couramment le français et qu’elle est une employée engagée, dévouée et consciencieuse. D’ailleurs, toutes celles et ceux qui croiseront un jour sa route se féliciteront de l’avoir rencontrée et d’avoir eu la chance de bénéficier de son savoir-faire et de son expertise, en matière de santé comme dans ses nombreux autres domaines de compétence.
Après cinq années en Indonésie, elle s’installe pour une longue pause au Liban. Elle y rejoint la chorale de l’Université américaine de Beyrouth et peint des aquarelles qu’elle aura l’occasion d’exposer à deux reprises. En parallèle, elle continue à se former, en santé publique plus particulièrement. En 2003, elle obtient un diplôme supérieur en sciences de la santé de l’Université George Washington, complété, deux ans plus tard, par un master en santé publique avec une spécialisation en santé internationale de l'École Johns Hopkins Bloomberg. Impatiente de mettre en pratique ses connaissances et compétences récemment acquises là où elles seront le plus susceptibles de faire bouger les choses, Jeannette reprend le cours de sa carrière avec le CICR. Elle postule à un poste de délégué santé au Sénégal, où son mari dirige la délégation régionale. Engagée, elle est affectée fin 2005 à la sous-délégation du CICR à Ziguinchor, en Casamance, dans le sud du pays.
Le 1er septembre 2006, alors qu’elle est en déplacement à l’extérieur de Ziguinchor sur une route fréquemment utilisée par le CICR, le véhicule à bord duquel elle voyage avec trois de ses collègues saute sur une mine. Jeannette est tuée sur le coup ; elle avait 50 ans. Maxym Gutov, chef de la sous-délégation, est grièvement blessé. Quant au chauffeur Albert Batiga et au chargé de liaison Aliou Djiba, ils s’en sortent avec des blessures légères. Ce jour-là, l’équipe effectuait une mission sur le terrain dans le but d’évaluer les besoins de personnes déplacées par les combats dans la région. Jeannette est morte alors qu’elle faisait ce qui lui tenait le plus à cœur : œuvrer au plus près des communautés et mettre à profit son savoir-faire et son expérience pour sauver des vies et alléger les souffrances humaines.