Jakob
Sturzenegger
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Viet Nam

Nous nous souvenons de Jakob Sturzenegger

Jakob Sturzenegger voit le jour le 23 mai 1926 à Saint-Gall, en Suisse. Après sa scolarité obligatoire, il fait une formation professionnelle et travaille plusieurs années pour les Chemins de fer fédéraux suisses. À 25 ans, il décide de réorienter sa carrière et se lance dans des études de médecine, qu’il effectuera entre Zurich et Paris de 1951 à 1957, avant de se spécialiser en chirurgie.

 

Sa spécialisation terminée, Jakob travaille quelques années dans des hôpitaux suisses. Mais il ressent rapidement l’appel de l’humanitaire et décide de mettre ses compétences au service de pays en développement. Chose dite, chose faite : de 1961 à 1963, il exerce au Congo en tant que médecin de district pour l’Organisation mondiale de la Santé, puis comme responsable de l’hôpital de la Croix-Rouge suisse à Kinshasa. En 1964, il part pour le Rwanda, où il dirige l’hôpital de Rwamagana pour le compte du Service de la coopération technique, précurseur de l’actuelle Direction du développement et de la coopération. Il y reste deux ans. Il passe ensuite six mois en Corée comme médecin de la délégation suisse à la Commission de surveillance des nations neutres pour l’armistice.

 

En 1971, Jakob est promu au poste de responsable permanent des services médicaux de la Croix-Rouge suisse. L’année suivante, compte tenu de sa vaste expérience dans le domaine chirurgical, cette même Croix-Rouge le nomme chef de son équipe médicale à l’hôpital de Luang Prabang, alors capitale royale du Laos. Une promotion qui contribuera grandement à renforcer les compétences techniques et le niveau des services fournis par l’établissement. À côté de ses activités purement médicales, Jakob se consacre à la formation de médecins et d’infirmiers indigènes, participant de manière indirecte à améliorer considérablement la situation sanitaire de la population locale.

 

Au fil des ans, Jakob se fait une renommée tant sur le plan personnel que professionnel. À Luang Prabang, on le connaît vite comme le médecin étranger qui a courageusement extrait une grenade non explosée de la cuisse d’une jeune femme de 18 ans. On se souviendra aussi de lui comme du pionnier qui aura contribué à moderniser les pratiques médicales de la Croix-Rouge suisse sur le terrain, en standardisant le matériel utilisé à l’époque et en réduisant drastiquement l’assortiment de médicaments employés par les équipes Croix-Rouge du monde entier à une soixantaine, contre les quelque 2300 régulièrement administrés jusque-là.

 

Début 1975, alors qu’il est installé à Vientiane, au Laos, avec sa femme et leur fils de 10 ans, Jakob est envoyé au Vietnam du Sud par la Croix-Rouge suisse pour lancer un nouveau programme d’assistance en faveur des victimes de la guerre qui déchire le pays. Il est par ailleurs chargé par le CICR de profiter de ce déplacement pour visiter des prisonniers détenus dans un camp à Saigon. Malheureusement, le 12 mars, l’avion d’Air Vietnam à bord duquel il voyage à destination de Saigon avec 30 autres passagers et membres d’équipage s’écrase, vraisemblablement abattu par des tirs antiaériens, alors qu’il survole la zone de conflit au Vietnam du Sud. Il n’y a pas de survivants. Jakob avait 49 ans.

 

Guidé par la seule vocation d’aider, Jakob s’est imposé comme un chirurgien de guerre hautement qualifié et expérimenté qui, sa vie durant, n’aura de cesse de mettre ses compétences hors pair au service de ses semblables, partout où ses pas le mèneront. Du jour où il s’est engagé sur la voie de l’action humanitaire, il ne s’en est plus jamais écarté.

Le CICR en
Viet Nam, 1975

En 1975, alors qu’il vole de Vientiane à Saigon, Jakob voyage d’une guerre civile, au Laos, à une autre au Vietnam, tandis qu’un troisième conflit interne fait rage au Cambodge voisin. Ces trois pays, qui composent alors l’Indochine, feront l’objet d’une attention particulière de la part du CICR jusqu’au milieu des années 1970. De fait, la région entière est en proie à des guerres civiles à partir des années 1950 : au Vietnam, dès 1955, au Laos, à partir de 1959, et finalement au Cambodge, depuis 1967. Les trois conflits auront en commun d’être alimentés par des soulèvements communistes et de prendre fin dans les mois suivant la mort de Jakob, en 1975. Compte tenu de la complexité de la situation qui prévaut en Indochine, où les gouvernements de plusieurs pays étrangers soutiennent l’un ou l’autre camp, l’assistance apportée par la Croix-Rouge sera assurée par plusieurs entités : le CICR, la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge (aujourd’hui, Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge), le Groupe opérationnel Indochine (IOG) – dont la tâche sera de coordonner les opérations d’assistance de la Croix-Rouge –, l’Assistance internationale de la Croix-Rouge en Indochine (IRCA), ainsi que les Sociétés nationales de plusieurs pays.

 

Entre 1974 et début 1975, le champ d’action du CICR au Vietnam est très limité. Dans le nord, l’institution parvient à maintenir le contact avec le gouvernement de la République démocratique du Vietnam, notamment au travers de deux visites du délégué général à Hanoï. L’IOG, de son côté, mène à bien un projet d’habitations préfabriquées destinées à des familles victimes des bombardements. Au Vietnam du Sud, le CICR visite des prisonniers de guerre à deux reprises en 1974, et une fois durant les premiers mois de 1975. Il n’est par contre pas en mesure de suivre le sort des détenus civils, les visites à cette catégorie de prisonniers ayant été suspendues dès 1972, après que l’accès à ces derniers a été drastiquement restreint par les autorités. Pendant cette même période, quelque 2000 enfants, orphelins, malades ou handicapés, bénéficient d’une assistance médico-sociale de la part du CICR. L’IOG continue, lui, à livrer du matériel et des équipements à un hôpital de 250 lits, tandis que l’IRCA maintient sa fourniture d’aide aux victimes des hostilités, des personnes déplacées, en particulier. Quant au CICR, il poursuit ses contacts avec le gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud du Vietnam, avec qui il mène une réflexion sur l’objectif qui est le sien de porter assistance à toutes les victimes du conflit de manière équitable et sans distinction aucune. Début 1975, la situation humanitaire au Vietnam se détériore considérablement. Le 30 avril, la chute de Saigon aux mains des forces révolutionnaires vient toutefois mettre un terme à cette guerre civile longue de deux décennies.

 

Au Cambodge, pendant cette même période, la marge de manœuvre du CICR n’est guère plus grande. Vers la fin de l’année 1974, ses délégués effectuent une première visite à des prisonniers de guerre détenus par le gouvernement, et des pourparlers suivent pour étendre ces visites. Début 1975, le CICR et la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge parviennent à fournir une assistance matérielle à quelque 300 000 personnes déplacées, à l’intention desquelles ils construisent également une vingtaine de camps. Ils mettent en outre en place des points de soutien médical et nutritionnel à différents endroits du pays. L’IRCA, quant à elle, organise des distributions de secours divers, en coopération avec la Croix-Rouge khmère, en faveur de personnes déplacées ou malades, tandis que des équipes médicales et chirurgicales rattachées à l’IRCA s’affairent dans des hôpitaux de Phnom Penh et d’autres villes du pays. De son côté, le CICR n’entretient que des contacts sporadiques avec le Gouvernement royal de l’Union nationale du Cambodge, et ne peut, par conséquent, fournir qu’une quantité limitée de matériel médical à des représentants des autorités sur le terrain. La guerre civile au Cambodge prend officiellement fin en avril 1975, lorsque les forces révolutionnaires prennent le contrôle de Phnom Penh.

 

Au Laos, enfin, les activités Croix-Rouge pendant cette période se soldent elles aussi par un bilan contrasté. Différentes Sociétés nationales offrent des services médico-chirurgicaux dans plusieurs villes de province, tandis que le CICR mène des activités d’assistance, consistant entre autres en la distribution d’articles de première nécessité à des personnes déplacées, en coopération avec la Croix-Rouge du Laos et pour le compte de l’IRCA. Dans le courant de 1974, les délégués du CICR visitent quelque 170 prisonniers de guerre à Vientiane, auxquels ils fournissent des articles divers. En 1975, comme tous les prisonniers de guerre ont été échangés entre septembre et octobre de l’année précédente, les équipes du CICR peuvent concentrer leurs efforts sur les activités d’assistance. Vers la fin de l’année, la monarchie laotienne est abolie et les communistes prennent le pouvoir.

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