Hans Elkerbout naît à Sukabumi, en Indonésie, le 4 janvier 1949. À la fin de sa scolarité aux Pays-Bas, il étudie à l’Université d’Utrecht, où il obtient en 1976 une maîtrise en psychologie. Il poursuit dans la recherche universitaire jusqu’en 1980. Il décide alors de changer de voie, et entre en qualité de responsable de la construction à Amnesty International. Pendant les cinq ans où il est employé par cette organisation humanitaire, il suit plusieurs cours de formation dans le domaine de la construction et du génie civil. Après cela, il travaille en indépendant à des projets de construction dans divers pays – Pays-Bas, Espagne, Turquie, Afghanistan, Pakistan et lran. En 1995, il rejoint les rangs de Médecins Sans Frontières, qui l’envoie en Albanie pour gérer la construction d’un hôpital.
Dans le domaine du bâtiment, Hans est polyvalent. Il a les capacités nécessaires pour superviser tous les aspects d’un projet – construction, plomberie et électricité – sans hésiter à mettre la main à la pâte. C’est aussi un homme calme, loyal et d’une grande gentillesse, qui fait toujours passer les autres en premier. Il déteste la violence, aime la nature et les animaux, et n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il marche en forêt ou le long d’une plage baignée de soleil, où il peut laisser vagabonder ses pensées.
En mai 1996, il achève sa formation de base à la Croix-Rouge néerlandaise et est par la suite détaché auprès du CICR pour une mission de trois mois. Affecté au bureau de Naltchik, dans la république russe de Kabardino-Balkarie, il est envoyé dès son arrivée sur place, à la mi-octobre, dans la république russe voisine de Tchétchénie, où les principaux hôpitaux et autres établissements de santé de la capitale, Grozny, ont été gravement endommagés au cours des combats. Il est chargé de superviser les travaux de réparation de l’un des hôpitaux, d’un centre de transfusion sanguine et d’un atelier de fabrication de prothèses. Comme toujours, il est vite à son affaire dans son travail, et totalement concentré sur ce qui doit être fait.
Pendant sa mission en Tchétchénie, Hans est basé à une vingtaine de kilomètres au sud de Grozny, dans le village de Novy Atagi, où le CICR a ouvert un hôpital de campagne en septembre. Aux premières heures du 17 décembre 1996, six délégués, dont Hans qui a alors 47 ans, sont abattus dans leur sommeil par des hommes armés et masqués qui font irruption dans la résidence du CICR voisine de l’hôpital. Comme Hans, quatre des déléguées assassinées avaient été détachées auprès du CICR par leur Société nationale de la Croix-Rouge : Ingebjørg Foss, 42 ans, et Gunnhild Myklebust, 56 ans, toutes deux infirmières de la Croix-Rouge de Norvège ; Sheryl Thayer, 40 ans, infirmière de la Croix-Rouge néo-zélandaise ; et Nancy Malloy, 51 ans, administratrice médicale de la Croix-Rouge canadienne. La sixième victime, l’infirmière-cheffe Fernanda Calado, 49 ans, de nationalité espagnole, travaillait pour le CICR depuis de nombreuses années. Un autre délégué, le Suisse Christophe Hensch, responsable du bureau du CICR à Novy Atagi, est blessé dans l’attaque mais survit.
Jean de Courten, directeur des opérations du CICR, qualifie l’attaque d’« assassinat délibéré » et « lâche ». Après la tragédie, le CICR évacue ses 14 autres délégués de Novy Atagi à Naltchik, tandis que le personnel médical local continue à soigner les patients de l’hôpital. Dans l’hommage qu’il prononce pendant une cérémonie commémorative à la cathédrale Saint-Pierre de Genève quelques jours après l’attaque, le président du CICR s’exprime en ces termes : « Ces six personnes étaient animées par un idéal de solidarité envers les victimes du conflit tchétchène. Elles remplissaient avec un enthousiasme exemplaire la mission originelle de la Croix-Rouge – secourir les blessés – et elles accomplissaient leur tâche dans le même esprit que les femmes de Solférino : “Tutti fratelli” [Nous sommes tous frères]. »
Hans était une belle âme, un être qui désirait par-dessus tout contribuer à un monde meilleur, exempt de cruauté et de souffrance. Un monde à l’image des paysages naturels paisibles où il avait si souvent trouvé la tranquillité.