Wim
Van-Boxelaere
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Somalia

« Mon plus grand espoir est de pouvoir contribuer à soulager les souffrances les plus aiguës. »

Message de Wim Van Boxelaere avant son affectation en Somalie

Nous nous souvenons de Wim Van-Boxelaere

Wim Van Boxelaere voit le jour le 6 octobre 1961 dans la ville de Lokeren, au nord de la Belgique. Il commence à travailler en 1985 pour le Centre national de coopération au développement, organisme belge fédératif qui regroupe des organisations non gouvernementales ; il est en poste à Anvers en tant que secrétaire provincial. En 1990, deux ans après avoir suivi le cours de formation de base pour les délégués de la Croix-Rouge, Wim est engagé par la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour travailler au sein de la délégation à Erevan, en Arménie.

 

De février à août 1990, Wim officie pour la délégation comme administrateur, dans le cadre des activités de secours lancées après le terrible séisme qui a frappé le pays deux ans plus tôt. L’année suivante, il lance et coordonne la campagne « Afrika Sterft » (l’Afrique se meurt), guidée par un groupe d’ONG belges et axée sur la famine en Afrique.

 

Détaché par la Croix-Rouge de Belgique, Wim effectue sa première mission pour le CICR en juin 1991, en tant qu’administrateur des secours à Mogadiscio (Somalie). Responsable des distributions de vivres du CICR dans la capitale somalienne, il est bien connu dans toute la ville. Son bureau ne désemplit pas : chaque jour s’y pressent des personnes cherchant désespérément à se procurer des vivres. Malgré ses lourdes responsabilités, Wim demeure affable en toutes circonstances et trouve toujours le temps nécessaire pour répondre aux sollicitations. Une seule chose gâche son humeur : les machinations et la corruption autour des ressources alimentaires, un phénomène qu’il s’emploie à combattre de toutes ses forces. De très nombreuses familles sont affamées et doivent être nourries.

 

Le 11 décembre 1991, Wim est gravement blessé par balle devant le siège du Croissant-Rouge de Somalie, à Mogadiscio, où il se trouve pour discuter d’une distribution de vivres avec des aînés somaliens. Mohamed Ali Barre, un employé du Croissant-Rouge qui tente de s’interposer pour protéger Wim, est lui aussi gravement blessé dans l’attaque. Les deux hommes sont emmenés à l’hôpital et soignés par les équipes chirurgicales du CICR et de Médecins Sans Frontières. Mohamed décède de ses blessures le lendemain. Wim est transporté par les airs à Nairobi, où son état est stabilisé. Son frère et un représentant de la Croix-Rouge de Belgique se rendent à son chevet et parviennent à s’entretenir avec lui. Malheureusement, le 14 décembre, Wim succombe à des complications respiratoires dans l’avion qui le ramène en Belgique. Il était âgé de 30 ans.

 

Wim jouissait d’une telle estime à Mogadiscio que des centaines de Somaliens se présentent au complexe du CICR pour partager leur chagrin et lui rendre hommage. « Même s’il ne pouvait pas toujours nous aider, Wim nous remontait le moral parce qu’il prenait toujours le temps de nous écouter. »

Le CICR en
Somalia, 1991

En 1991, la Somalie, déjà ravagée par des années de conflit intérieur dans le nord-ouest, est embrasée par une nouvelle flambée de violence extrême. Les combats opposant les forces gouvernementales à plusieurs mouvements d’opposition alliés, qui ont gagné la capitale en décembre 1990, aboutissent en janvier au renversement du président Siad Barre, sans pour autant que cessent les affrontements entre factions rivales dans le centre et le sud du pays. Le manque de discipline des combattants et l’absence totale de respect des règles de la guerre les plus élémentaires pèsent lourdement sur la population civile : les morts se comptent par dizaines de milliers, tandis que des centaines de milliers de personnes sont déplacées ou deviennent des réfugiés. La mission du CICR dans le pays est rendue extrêmement délicate par l’instabilité et la violence chroniques, et l’organisation se voit contrainte à plusieurs reprises de retirer ses équipes pour assurer leur sécurité. Au début du mois de janvier, tandis que les combats font rage à Mogadiscio, le personnel expatrié et les employés locaux sont évacués vers Djibouti. Ce n’est qu’à la fin du mois de février qu’ils pourront regagner la capitale.

 

Les combats interrompent totalement les services postaux et téléphoniques. Le CICR met alors sur pied un réseau pour permettre l’échange de messages entre les membres des familles séparées et pour retrouver les disparus. Dix bureaux sont ouverts sur le territoire somalien, plus un autre à Djibouti et deux dans des camps de réfugiés somaliens au Kenya. Le service couvre de nombreux autres pays accueillant des communautés somaliennes importantes, dont l’Arabie saoudite, le Canada, l’Italie, les pays scandinaves et le Royaume-Uni. Plus de 22 500 messages sont ainsi transmis en 1991, contre 1400 en 1990.

 

Malgré les difficultés considérables auxquelles il fait face, tout spécialement à Mogadiscio, le CICR continue à apporter son aide aux victimes civiles du conflit. À partir du mois de février, il organise des envois de secours réguliers entre les ports de Djibouti et de Mombasa (Kenya) et la côte somalienne. Au total, plus de 22 400 tonnes de vivres et d’autres formes d’assistance sont distribuées en Somalie en 1991. Au fur et à mesure de la détérioration de la situation, l’organisation des opérations de secours devient de plus en plus ardue. À certaines périodes, les navires ne peuvent pas approcher des côtes ; des semaines entières passent sans que les vivres ne puissent être déchargés ; les entrepôts sont constamment pillés, les véhicules sont volés, et divers problèmes surgissent après la distribution de l’aide. Dans ces circonstances, le CICR décide d’associer les autorités traditionnelles, autrement dit les chefs de clan, au processus de distribution. C’est alors qu’il participe à une discussion à ce sujet que Wim est attaqué.

 

Tout au long de l’année, des combats font rage dans l’une ou l’autre des régions du pays. Les hôpitaux de Mogadiscio, Berbera et Kismayo sont submergés par un afflux de blessés de guerre. À Mogadiscio, la capacité de l’hôpital Martini (qui est aussi le siège de la délégation du CICR) est portée de 100 à 200, puis à 300 lits. Après les combats féroces de novembre, qui divisent la capitale en secteurs nord et sud et qui font des dizaines de milliers de blessés, deux équipes chirurgicales détachées par les Sociétés de la Croix-Rouge de Finlande et des Pays-Bas travaillent de part et d’autre de la ligne de front. Elles doivent toutefois être retirées en décembre à cause des conditions de plus en plus dangereuses. En 1991, le CICR est la seule organisation humanitaire disposant d’équipes dans toutes les régions de la Somalie.

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