Catherine Chappuis naît le 19 juin 1960 à Genève. Après avoir terminé sa scolarité obligatoire à l’âge de 15 ans, elle commence à travailler comme jardinière, puis étudie l’horticulture de 1976 à 1979. Une fois diplômée, elle passe deux ans en Angleterre comme jeune fille au pair et horticultrice. À son retour, elle travaille de 1981 à 1983 à la gare routière de Genève en tant qu’employée de bureau et caissière. Elle se consacre ensuite jusqu’en 1985 à des activités auprès des jeunes dans le cadre d’un centre communautaire genevois, où elle est notamment monitrice de camps de ski et d’autres activités de plein air. Parallèlement, elle s’intéresse à divers domaines culturels et intellectuels pendant son temps libre.
Douée d’une personnalité rayonnante, Catherine est également très organisée et efficace, et les responsabilités ne lui font pas peur. Ce sont peut-être ces qualités qui l’incitent à s’orienter vers le secrétariat ; elle suit pour cela une formation continue, qu’elle achève en 1985. Après quelques emplois temporaires de secrétaire et dactylo trouvés par l’intermédiaire d’une agence, elle postule au CICR, où son frère travaille déjà.
Si Catherine a passé quelque temps à Gabès, en Tunisie, lorsqu’elle était à l’école primaire, puis en Angleterre en tant que jeune fille au pair, c’est à Genève que s’est déroulé l’essentiel de sa vie jusqu’en 1986. Par contre, lorsqu’elle entre au CICR au printemps 1986, elle précise clairement qu’elle veut travailler à l’étranger – et sa formation et ses compétences sont manifestement recherchées. Sa première affectation, en juin 1986, est l’Angola, où une guerre civile fait rage. C’est une véritable épreuve du feu, un type de mission que même du personnel humanitaire expérimenté trouverait difficile. Mais Catherine fait ses preuves. Elle travaille dans les principales bases opérationnelles du CICR en Angola – Huambo, Luanda et Kuito – où, en plus de ses fonctions de secrétariat, elle joue un rôle de liaison avec la communauté environnante et donne des coups de main pour les télécommunications du bureau. Son enthousiasme est contagieux, et elle est perçue comme un véritable rayon de soleil par toutes les personnes qui ont la chance de la côtoyer.
Le matin du mercredi 14 octobre 1987, Catherine part de Kuito – la sous-délégation où elle est basée – à bord d’un avion-cargo Hercules affrété par le CICR pour une mission de quelques jours. Peu après le décollage, l’appareil, qui transporte de l’aide humanitaire destinée aux populations affamées du plateau central de l’Angola, s’écrase au milieu d’un village situé à une quarantaine de kilomètres à peine de son point de départ, malgré une tentative d’atterrissage d’urgence sur une petite route. Les six occupants sont tués – Catherine, un employé local, Nuno Ferreira, et les quatre membres de l’équipage, Dorian Shone, Kevin Tocknell, Nicolas Duff et Gary Heap – ainsi que deux habitants du village, une femme et son bébé. Catherine avait 27 ans.
Arrivée en Angola un an plus tôt, Catherine n’avait pas tardé à se faire aimer de ses collègues, tant expatriés que locaux, pour sa chaleur humaine et sa générosité. Elle avait peut-être suivi l’exemple de son frère en entrant au CICR, mais dès le moment où elle avait quitté Genève pour sa première mission, elle avait tracé sa propre voie, contribuant par ses qualités exceptionnelles à répandre l’esprit humanitaire.