Walter
Berweger
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Philippines

Nous nous souvenons de Walter Berweger

Walter Berweger voit le jour le 5 mars 1953 à Saint-Gall, en Suisse, où il fait ses écoles primaire et secondaire. Après un apprentissage d’employé de commerce, il travaille pendant quatre ans pour Natural AG, une entreprise internationale de transport maritime. Ensuite, soucieux de faire progresser sa carrière, Walter s’inscrit en 1973 dans une école de commerce à Saint-Gall. Il en ressort trois ans plus tard en possession d’un diplôme en marketing et vente. Parallèlement à ses études, il travaille quelque temps pour la fabrique de lits Schreiber Suco-Werk, puis pour une école de langue de la place, où il enseigne le français et l’anglais aux adultes. En plus de l’intérêt qu’il a toujours éprouvé pour les langues étrangères – il parle aussi couramment l’espagnol –, Walter est un grand passionné de littérature.

 

En 1976, Walter est engagé par une entreprise française spécialisée dans l’exportation de produits agricoles, basée dans la région parisienne. Il y travaille pendant trois ans comme assistant de direction chargé du marketing et des relations commerciales. Après quoi il revient en Suisse et trouve un emploi dans une compagnie vaudoise fabriquant des produits d’emballage en aluminium, dont il dirigera l’équipe commerciale jusqu’en 1981. Dans les différents postes qu’il occupe, Walter apparaît comme une personne posée et dotée d’entregent. Il entretient de bonnes relations avec la clientèle, s’entend bien avec ses collègues et se fait apprécier de ses employeurs. En fait, le seul à ne pas être entièrement satisfait de ce qu’il fait, c’est lui : même si tout lui réussit, il s’ennuie dans cet univers commercial. Il décide alors de laisser sa vie professionnelle en plan et d’aller voir ailleurs. Plus jeune, il avait déjà voyagé dans plusieurs pays du Moyen-Orient, notamment pour essayer de mieux comprendre les enjeux du conflit israélo-palestinien. Cette fois, il se tourne vers l’Amérique latine et l’Afrique de l’Ouest, qu’il sillonnera deux ans durant.

 

À son retour en Suisse, en 1983, Walter est une autre personne. Ses voyages lui ont ouvert les yeux sur les dures réalités socioéconomiques qu’endurent les populations des pays en développement. Désormais, c’est clair pour lui, il veut trouver un job où il puisse mettre ses compétences au service des plus déshérités. Et c’est tout naturellement qu’il s’engage sur la voie de l’humanitaire. À trente ans, c’est maintenant un homme pondéré mais déterminé, que les voyages ont aguerri et enrichi. Autant de qualités qui ressortiront lors de son entretien d’embauche au CICR, qui n’hésitera pas une minute à le recruter pour l’envoyer sur le terrain.

 

En octobre 1983, son cours de formation pour délégués terminé, Walter s’envole pour le Liban. Pour sa première mission, il est affecté à la délégation régionale du CICR à Saïda, en qualité d’administrateur. Il y reste neuf mois, avant d’enchaîner, en août 1984, avec une mission similaire d’un an à Quetta, au Pakistan. Les qualités dont il fera preuve pendant ces presque deux années, notamment son approche méthodique et positive des situations et son attitude toujours constructive, montrent qu’il est prêt à assumer des responsabilités opérationnelles plus importantes. C’est ainsi que le CICR lui confie un poste de délégué à El Salvador, où il séjourne de décembre 1985 à janvier 1987. Sur place, il participe aux activités d’assistance menées par l’institution en faveur des personnes subissant les effets de la guerre civile qui déchire le pays, servant notamment d’agent de liaison avec les hauts responsables militaires locaux. Il visite aussi des prisonniers de guerre et des détenus politiques, négocie avec les autorités et contribue aux activités de recherche de personnes portées disparues en raison du conflit. L’expérience qu’il a acquise dans la région alors qu’il arpentait l’Amérique latine l’aide sans conteste à appréhender la situation qui prévaut dans le pays avec beaucoup de lucidité et de bon sens. Il est alors pressenti pour une affection en tant que délégué détention, qui devrait lui permettre de parfaire son bagage professionnel.

 

Mais entre-temps, le CICR a besoin de ses compétences à Genève et, au lieu de l’envoyer pour une nouvelle mission sur le terrain, il le rappelle au siège de l’institution. Walter y travaillera de février 1987 à mai 1989, dans un premier temps comme assistant financier, puis comme chef de secteur aux ressources extérieures.

 

Après ces deux années passées au siège, le CICR l’envoie aux Philippines pour diriger la sous-délégation qu’il vient d’ouvrir sur l’île de Mindanao. Mais le 19 janvier 1990, environ huit mois après sa prise de fonction, Walter et deux de ses collègues tombent dans une embuscade que leur tendent des hommes armés non identifiés en civil. Walter et Juanito Patong, un membre de la Croix-Rouge philippine, sont tués sur place, tandis que la troisième personne de l’équipe, un employé local du CICR, s’en tire avec des blessures légères. Walter allait avoir 37 ans.

 

Arraché à la vie beaucoup trop tôt, Walter a néanmoins pu faire, six ans durant, ce qui lui tenait le plus à cœur : travailler au plus près des personnes vulnérables. Ses convictions humanitaires inébranlables, alliées à de solides compétences administratives et managériales, lui ont permis de contribuer à améliorer le sort de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants exposés aux conséquences dévastatrices de la guerre.

Le CICR en
Philippines, 1990

Vers la fin des années 1980 et le début des années 1990, les Philippines font face à une situation de grande instabilité marquée par l’insurrection d’un mouvement de rébellion communiste, qui s’entremêle à l’activisme de groupes musulmans indépendantistes. La période est aussi régulièrement ponctuée par des tentatives de la part de plusieurs secteurs de l’armée de renverser le gouvernement. Cette recrudescence des troubles survient alors que le pays sort de deux décennies de régime dictatorial incarné par le président Ferdinand Marcos, et qui prend fin avec l’élection de Corazon Aquino, en 1986. Le gouvernement Marcos s’est distingué par l’abolition de bon nombre des institutions démocratiques mises en place lorsque les Philippines ont finalement accédé à l’indépendance, en 1946. Le pays avait auparavant été occupé par le Japon (pendant la Seconde Guerre mondiale), contrôlé par les États-Unis (de la fin du XIXe siècle aux années 1930) et colonisé par les Espagnols (pendant plusieurs centaines d’années, à partir du XVIe siècle). Quand elle prend les rênes du pouvoir, en 1986, Corazon Aquino a du pain sur la planche si elle veut venir à bout des différentes forces qui déstabilisent l’archipel.

 

Lorsque Walter arrive à Mindanao, en 1989, le CICR mène des activités en faveur des victimes des conflits armés aux Philippines depuis plus de quatre décennies déjà, offrant des services très variés à partir de sa délégation de Manille, de sa sous-délégation de Davao et de son bureau de Zamboanga City, tous deux sur l’île de Mindanao. En 1989, les délégués de l’institution visiteront 983 personnes dans 155 lieux de détention civils et militaires. La plupart d’entre elles sont détenues pour des motifs liés à la situation insurrectionnelle, bien qu’on trouve aussi dans leurs rangs des militaires arrêtés lors de différentes tentatives de coup d’État. Le CICR s’occupe avant tout d’évaluer leurs conditions de détention, leur état de santé et leur état nutritionnel. Dans de nombreuses prisons, il met aussi en place des programmes visant à améliorer les systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement.

 

Les délégués de l’institution mènent par ailleurs des activités de rétablissement des liens familiaux, notamment afin d’aider les familles à retrouver la trace de proches portés disparus après avoir été arrêtés par les forces de sécurité. Ils travaillent en outre, en étroite collaboration avec la Croix-Rouge philippine, à évaluer les besoins des personnes déplacées en raison de l’insécurité ambiante et à leur fournir des vivres ainsi que des secours non alimentaires. Cette assistance intervenant le plus souvent dans des régions où les insurgés sont actifs, le CICR en profite pour sensibiliser ces derniers à l’action qui est la sienne, les incitant avant tout à protéger les civils des effets de la violence armée. En 1989, environ 70 pour cent des personnes qui bénéficient des services de l’institution sont des habitants de l’île de Mindanao, là justement où Walter est en poste.

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