Ricardo
Munguia
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Afghanistan

Nous nous souvenons de Ricardo Munguia

Ricardo Munguia voit le jour à San Salvador, la capitale d’El Salvador, le 19 novembre 1964. Il effectue ses études secondaires au Colegio San Francisco, dans sa ville natale, et décroche en 1983 un diplôme en sciences naturelles. L’année suivante, il entame des études de biologie à l’Université d’El Salvador. Le pays est alors plongé dans une période sombre, marquée par une féroce guerre civile, et cette expérience marque profondément Ricardo. Déterminé à aider son prochain, il devient volontaire pour la Croix-Rouge d'El Salvador. Son activité humanitaire à l’échelle locale fait naître en lui le désir d’une carrière internationale pour la Croix-Rouge, un rêve qui finira par se réaliser.

 

C’est en 1988 que Ricardo fait sa première expérience de collaboration avec le CICR. Il intègre la délégation de San Salvador en tant qu’assistant dans le domaine de l’assainissement. Deux ans plus tard, il s’installe en Suisse, où il travaille en tant qu’aide-infirmier dans des hôpitaux de Zurich. Il se marie et son épouse donne naissance à une fille ; il obtiendra par la suite la nationalité suisse. Ricardo regagne San Salvador en 1993 pour travailler comme technicien au sein de l’ONG de défense de l’environnement Asociación Amigos del Árbol. En 1995, il entre au service salvadorien des parcs nationaux et des forêts, en tant que responsable technique des zones protégées.

 

La même année, une bourse d’études permet à Ricardo de regagner la Suisse pour y entamer un master en sciences de l’environnement au sein de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Après la fin de ses études en 1997, Ricardo travaille pendant un an comme ingénieur eau et assainissement au sein de l’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières, d’abord à Pucallpa (Pérou), puis au Libéria.

 

En 1999, il est engagé par le CICR en tant qu’ingénieur eau et habitat (WatHab). Après une première mission d’une année à Bogota (Colombie), il est envoyé à Brazzaville (République du Congo), où il se forge la réputation d’une personne chaleureuse, ouverte et apte à résoudre les problèmes. Il est ensuite affecté en mai 2001 à la sous-délégation du CICR à Kuito (Angola), où l’une de ses tâches consiste à superviser l’entretien et la réparation des installations d’eau et d’assainissement à l’hôpital régional de Huambo. Ricardo déborde d’énergie et tout le monde l’apprécie. Convaincu de la nécessité de préserver un équilibre optimal entre travail et loisirs, il crée même un lieu où se retrouver entre collègues dans la maison où il séjourne.

 

En novembre 2002, il est envoyé en Afghanistan, d’abord dans la sous-délégation de Jalalabad, puis, au mois de mars de l’année suivante, dans celle de Kandahar. Tout en restant totalement concentré sur son travail, Ricardo continue à profiter pleinement de la vie : ses collègues n’ont pas oublié son désir d’enseigner la salsa à tout le monde en Afghanistan et ils gardent aussi le souvenir d’une personne profondément altruiste.

 

Le 27 mars 2003, alors qu’il se rend en compagnie de collègues afghans dans la ville de Tirin Kot, au nord de Kandahar, pour y améliorer l’approvisionnement en eau, des hommes armés non identifiés bloquent leurs véhicules. Ricardo est abattu. Il était âgé de 39 ans.

 

Durant toute sa carrière, Ricardo a su combiner ses compétences professionnelles et son amour débordant de la vie, en manifestant une compassion authentique pour toutes les personnes ayant besoin d’assistance. Comme l’a déclaré le président du CICR de l’époque, Jakob Kellenberger, lors de la cérémonie organisée à sa mémoire à Genève, Ricardo venait lui-même d’un pays en guerre et comprenait parfaitement la peine de celles et ceux qui l’entouraient.

Le CICR en
Afghanistan, 2003

En 2003, deux ans après la chute du régime des talibans, les conditions de sécurité commencent à se dégrader en Afghanistan, en particulier dans le sud et l’est du pays. L’année n’est pas marquée par des affrontements de grande ampleur ; en revanche des attaques meurtrières sont fréquemment lancées contre des institutions publiques ainsi que contre des organisations internationales et non gouvernementales, compromettant les perspectives de stabilité du pays. Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est visé lui aussi : Ricardo est tué en mars, puis deux employés du Croissant-Rouge afghan perdent la vie au mois d’août. Après la mort de Ricardo, le CICR suspend tous les déplacements par la route à travers les zones rurales du sud et de l’est. Des vols réguliers permettent au personnel expatrié de continuer à travailler à Kandahar et à Jalalabad, mais le CICR cesse toute activité dans les campagnes qui entourent ces villes. Dans les régions hors d’atteinte pour le personnel du CICR, la Société nationale prend le relais (en particulier pour les activités de recherche des personnes disparues et de sensibilisation aux dangers des mines). Les conditions de sécurité n’entravent toutefois pas les opérations du CICR à Kaboul, Kunduz, Herat, Bamyan et dans leurs environs, ni dans les zones situées au sud de Mazar-i-Sharif. L’organisation a ainsi pu réduire les risques de maladie pour plus d’un million de personnes durant l’année, grâce à des améliorations aux installations d’eau et d’assainissement. Les six centres d’appareillage orthopédique du CICR sont restés les principaux fournisseurs de services de réadaptation physique en Afghanistan. Entièrement gérés par les employés de l’organisation, ils ont répondu aux besoins de quelque 50 000 personnes porteuses de handicap, dont plus de 50 % d’amputés.

Souvenirs

Brazzaville 2000, une fête de départ conviviale avec Ricardo.
26 avril 2023
Patrick

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